Littérature, écriture

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27.07.2023

Nous voyons une forme du monde. Nous voyons l’une des formes du monde. Dans sa forme la plus pure elle est silencieuse. Belle aussi, par ces émotions de lumière. Mais aussi mouvement. Et immensité. Donc vertige. Concentrons-nous sur la lumière. Et sur ce chemin de campagne sur lequel nous roulons, moi et mon fils. Chemin fleuri, d’Irlande, bucolique. Chemin bucolique d’où sous les paupières. Doux. Nous y sommes. Parmi les moineaux. Non loin de la brume qui lèche et dévore les collines. Nous y sommes. Au-dessus des flaques, éparses. Au-delà des nuages. Nous y sommes. Parmi les sansonnets. Qui ponctuent la route comme des noires, sur des fils – tandis que les moutons font la blanche dans les demi-tons de vert vers. Nous y sommes. Que dire ? Sinon bêler bêtement ? Or bêler la beauté. Telle est la question. Mais pas encore. Pas là. Pas ici. Avancer devant ces paysages, devant cette immensité. La route elle-même. Elle pourrait être explosion. De larmes. De joie, de verdure de lumière. Que dit la ligne. Que disent les routes ? Ma manière de consommer le monde n’est peut-être pas la bonne. Quelle distance ai-je ajouté ? Peut-être n’ai-je pas trouvé les bons trous pour apprendre à jouer. Peut-être que tout sonnerait faux, y compris les sourires. Que tout sonne faux, que tout sonne fou. Que tout sonne faux. Que tout sonne fou. Instrument mouillé. Et la partition reste muette. MUETTE. De l’ici loin. De l’ici près.

The road of the lost valley

21.05.2023

Et s’il existait un ordre, un ordre supérieur, ou des ordres, plusieurs, une injonction à voir, entendre au dessus, au-delà de la narration. Oui, mais pour quel alors ? pour quelle narration ? Non pas un artifice : ou alors un procédé qui mettrait en abime l’artifice du langage, je veux dire mettrait en abime l’artifice de la réalité. Mais pour elle, nul besoin d’inventer une langue autre. Il suffit de la faire monter sur le ring et de la détricoter. Allons donc je ne me vais pas m’y rendre à présent. Je l’ai déjà fait. Je vous l’ai déjà montré. Ne faites pas semblant. Ne dites pas Nous n’avons pas vu. Et puis factuellement je suis au cœur du train qui va à pleine vitesse. Je suis installé en sens inverse de la marche et je n’ai que faire de savoir si ce train est une métaphore de la phrase. Croyez bien que je sois ailleurs. S’il existait un ordre dont la phrase découlerait, un ordre supérieur, mais que le principe, que la narration dans son principe premier serait incapable d’ouvrir de toucher, de voir ? Par un impossible. Et par un fait que certains savent, à demi mot, par… vous savez bien, comment nommer ce bougre vous savez lui dont le regard luit quand son œil émerge du reflet comme celui du crapaud à la surface du lac. Celui qui calque tout au point de faire disparaitre, le démon lequel, celui des similitudes. Allons, vous l’avez déjà côtoyé n’est-ce pas une fois. Celui qui fait que nous croyons être là dans l’espace physique et que toucher signifie toucher. Je ne parle pas de langue, mais de ce que le point dans l’œil soit touché par le doigt au moment ou le doigt touche le point dans l’œil. Ouille. J’aimerais vous voir ailleurs, mais nous sommes dans le train un Ouigo 7472. Il est exactement 11 h 47 et le train circule quelque part entre le tronçon Nîmes Paris, ajoute des secondes suffisantes pour être au point. Comme nous sortons du tunnel. Après toutes ces années, après avoir découvert jusqu’à, jusqu’à la porte entre l’ici et, comment la nommer. Porte entrebâillée. Je crois possiblement qu’il existe un ordre qui changerait radicalement ma façon d’écrire et donc ma façon de voir. Ces deux points sont liés n’est-ce pas, au point de devenir signe de ponctuation d’où découle le flux narratif :  Mais aussi, vous le savez, comme le point derrière le point : alors, oui, une manière radicalement nouvelle, loin du style mais un degré zéro de la phrase. Phare et rase campagne.

28.05.2022

C’est une chance de s’aimer 
Semer ici et là, 
Le bruit quand même autour,
Mais les coquelicots 
Et l’ombre des feuilles et donc le chemin 
tendre sous le soleil de mai. 
La difficulté est le feu aux quatre vents,
Tourments tournant,  
Mais se concentrer sur la braise.   
Laisser le geôlier se laissait rire sur son anneau ; 
Ne pas se laisser effaroucher par la rose, 
Dans sa posture altière. 
Seule la nuit est altière ; les départs de flammes,
Tu seras flamme à ton tour,
et toute parole nourrirait ton bois.  

24.04.2022

L’idée d’une pierre n’est pas la pierre.
L’idée du poème n’est pas le poème.
Et la vie, que peut-on dire d’elle ?
Et la mort ? 
Par la combustion des lignes, le poème peut agir, provoquer mille brûlures mille éclats. Et la page physique n’aurait rien laisser transparaître de la situation une fois la lecture  passée.. 
L’inspecteur devra lui-aussi emprunter le récit, s’il veut comprendre le crime, ou l’empreinte, mais une fois transformé lui-aussi par l’épreuve, comment pourra-t-il parler, déduire, depuis la pièce absente ?
L’inspecteur n’aurait d’autre choix que de se mettre en besogne, pour réaliser lui-aussi le crime parfait, et de dire à qui peut l’entendre Mais voyez, mais voyez !  
Le point de la page est parfois là pour remonter à la surface de l’oubli, une mémoire disparue, enfouie. Mais qui emprunterait ces veinules, une fois celles-ci découvertes ? Et pour aller où ? Certains lieux sont véritablement hantés, chargés d’une puissance particulière, magnétique, comme si une force supérieure nous observait, et pourtant accessible à l’intériorité de celui qui passe.
Haut-lieu qu’on retrouve en certains lieux, dans certaines charges, dans certaines stances, silences, blancs, bancs, pour qui peut voir, entendre.   

Scrupule

Les trous sont gigantesques. Fermer les yeux permet-il de les éviter ? Ce sont des trous noirs. Finalement, tout est calme. L’agitation quotidienne ne permet pas de les constater. On tombe dedans. On vit dans le trou comme on dit. Les bancs, les bancs publics sont en bordure, mais les pieds sont dedans. Le soir dans mon lit, dos au mur, je me tiens debout. Avec l’espoir de ne pas tomber. Le matin, je me redresse je ramasse mes affaires. Je me presse. Il n’y a pas de lumière au fond du tunnel. C’est juste un trou. Lever les yeux permet-il de le constater ? L’arrêt, les microcoupures, sont une façon de survie, et les grandes brasses forment une parenthèse. Mais le froid finit par vous ressaisir, et la racine des problèmes, ce chiendent qui n’en finit pas reste. Les microcoupures sont une forme de résistance. Mises bout à bout, elles sont une seconde à soi, comme une bulle dans l’eau claire, que le trou n’a pas. La suspension n’est pas l’arrêt. La suspension est illusoire, mais elle soulage le corps de la pression exercée par le trou. Elle est ce rebord de fenêtre sur laquelle poser sa joue. On se réveille avec la marque. L’effet d’attraction du trou est tel que les chaussures vont de trous en trous, dans tous les trous. L’enfance semblait nous préserver, dis-tu ? Mais vue d’ici, dans le trou, l’enfance est une idée. Qu’est-ce qu’une tomate pour quelqu’un qui ne l’a pas goûtée ? Et à y regarder de près, avec la dent, avec les langues, l’enfance est à naître. Un trou. Trois trous. Il est difficile de les compter. On omet le second. Et le monde manque à l’appel. Creuser le trou un peu plus. Approfondir les tunnels. Mais après ? Et après. Et. Vous dîtes. Vous dites que l’amour nous sauve. Petite lumière de. Si ça vous chante. Mais l’univers est immense. Et les ténèbres consolent. Elles sont plus grandes que le trou. Me consolent et m’apaisent. Dans les ténèbres, le trou ne pèse rien et la lumière est intacte. La lumière de l’amour, dis-tu ? Mais c’est une flamme solitaire. (Nous avons la même.) Creuser la vie. Allons donc, passer à côté, il vaudrait mieux ! Avec des tasseaux de bois, dans les bras, en guise d’ailes. Et l’art de contourner. Sautez sur le point, remonter la ligne, faire une rotation, et au trois-quarts du tour du trou, sautez volez, battez des pieds, toucher un nouveau point. Avec grâce. Le corps, ce trou normand pour les vers : fuyez tant qu’il est temps. Mais en même temps, un monde sans trou serait un cadavre sans tête. Peau de serpent, sans langage ni raison. Dieu, traduire « certains d’entre eux », traduire « les hommes », ont tous un siège dans le trou, fait de trou, de la matière du trou, invisible pour les uns, confortable pour tous. Ça s’entend, quand on fait varier la fréquence. Ça s’entend, dans tous les trous. Et dehors, vous le savez, dehors la marge n’est jamais loin. Parfois le trou finit par prendre le dessus, vous manger le dedans, le dedans du corps ; est en partie traversé. Vous le constatez. Vous êtes impuissant. Vous avez un trou. Qu’iriez-vous cultiver dedans cette partie creuse ? Des myosotis ? La véritable conquête serait que le rouge-gorge habite votre trou. Si telle est la victoire, vous en seriez absente. Mais l’écho de votre nom sonnerait quand même comme un petit caillou.

02.03.22

04.03.2022

Le vivant se cache
Un milliers d’obscurités,
Le vivant se cache pour ne pas être débusqué
L’oiseau est un leurre, son chant est un leurre,
Le bosquet est un leurre.
Les fleurs jouent leur équation
Au maître du soleil ;
Un banc.
Le poète amasse-t-il les cailloux d’un même trésor,
Ou sont-ce les facettes d’un même joyau.
Poète aveugle comme la fleur.

 

26.05.2021

Le langage, cet obscur continent. 
Qu’est-ce que le monde serait sans langage ? 
— Une obscure muette.
Obscurs sont les deux mondes,  
Mais le langage projette ses ombres sur le monde :
Vastes oiseaux, autres tropismes, fourmi géante,
ou mille-pattes, variant par la taille ou la déformation de taille. 
Mais toutes les apparences sont les ombres du langage.
Un oeil nu n’existe pas, à moins de le crever, mais alors tout serait obscur
et le mille-pattes émergeant de lui-même, bientôt déformé —
Le langage.  

 

03.08.2020

Le chant de l’oiyeau 

Manger les mots manger le monde
Manger les mots manger le monde
Manger les nuages la terre le soleil les vivants les nages la terre le soleil
l’horizon lon le l’ion le zion rizon mais
Cracher l’oy du s’leil.
Manger macher manger macher
Acher le s’leil les vivants, hacher achat, cheter chever mais où la mets-je l’image maintenant que l’écran fond avec la la neige et le spectacle.
Ondes vertes Ondes vertes Tout va bien !
La peau du poulet cuit, croustèle, et soyons digne de la colère cet autre croq !
La peau croustile, croq et cocorico ne te blesse,
Tout doux le gentil croq : Alors trou va bien.
Macher le mur macher les terres, jou ! et construire des routes et des tours, des routes et des tours, partout partouze de lumière,
et des trous truelles et truies ruelles, des ports et des portes sur nos têtes
pour se cacher du noy de s’leil et de la lune.
Et chacun dans sa tour Et chacun dans sa noue
Et chacun panse Manger mâcher ce qui reste la terre la traire la taire jusqu’à ce que ce qu’il reste c’est le bout de ses doigts de ses droits de ses ongles de ses onges, à cracher le bout de son aile puis c’est l’appeau puis c’est les eaux toutes les os contaminés à les pisser prisser par l’urètre.
Puis il reste quelques pensées parmi les ris parmi les par milliers
parmi les iens parmi les ni parmi les os parmi les ailes parmi les nids, il reste – “Oh”
Mais comment les sembler ?
Ce n’est pas comme la route ou la tour ou le trou où il suffit de truire et de struire
De sangler les mules et de les sembler de formules
De struire et de truire de machiner de Chine et de strousser le monde
Non ce ne sont pas non plus les streumons de ces tiquescientis qui stroquent l’alphabet pour faire des champs des chias des chameaux à tête de chats
et des hommes à tête de porc, ce n’est pas si simple l’amour
Ce n’est pas cracher l’oy du s’leil dans l’mur.
Alors quoi Alors quoi puisque tout est là et puisque plus rien est
Zyeuter le croq et l’aplumir ? faire croi chaque fois que l’autre croq fait sens
ou sucer le roulet du bourlet pour lui faire compagnie ?
N’est-il pas d’autres ien iens pour se faire une chaise avec ou sans trou mais tour honorable ?
Ah
Pour perdre tout espoir il eût fallu manger l’oy du s’leil jusqu’au dernier ieu de la terre
Mais il reste l’oy
Il reste l’oy et le chant d’un oiyeau.

07.01.2020

Une phrase, une seule phrase s’échappe. Une toute petite phrase qui se fait discrète dans un trou d’air. Une phrase qui voudrait vivre sa liberté de phrase. Une petite phrase qui voudrait vivre phrase. Une phrase qui vivrait la nuit. Une phrase qui s’arrêterait. Comme si de rien n’était. Tremblante : jetant ici et là de la poudre de phrase… Une phrase qui saurait se fondre dans le paysage. Une phrase qui saurait se couper en deux. Et se régénérer. Une phrase qui irait toujours plus vite que n’importe quelle autre phrase. Une phrase capable de perdre sa lettre, de se transmuer, de devenir phasme par exemple. Une phrase qui se dresse. Une phrase capable de se terrer d’un trou. Un phrase au fond d’un trou dans lequel nul ne pourrait se glisser. Une phrase capable de miroiter le soleil. De réfléchir une présence. Une phrase capable de faire tourner en rond celui qui la chercherait, jusqu’à ce qu’il se perde lui-même dans la phrase. Une phrase sans attache, sans besoin. Une phrase qui tomberait de la langue chaque fois qu’on voudrait la dire. Une phrase qui vivrait dans l’oreille.  Qui sortirait quand ça lui chante. Une phrase qu’on aurait au bout des doigts, comme un couteau, comme un compte suisse. Une phrase libre. Une phrase qui n’aurait pas peur du vide.  Une phrase.

10.12.2019

J’avais perdu le sens premier des mots. C’est peut-être pour ça que je restais silencieux au seuil de leur habitat, comme un étranger resté sur le seuil éclairé d’un commerce de quartier, nocturne et animé. Un étranger dans une position silencieuse, au point de devenir soi un objet nomade et nommable. Comme un lampadaire. Ou comme une cuillère. Comme un banc vide. Ou comme un banc. Ou comme un clochard. Ou comme un attaché-case. Comme une veste. Ou un comme un ministre. Ou comme un débit dans le caniveau. Mais jamais un homme. Jusqu’à oublier la façon de “le” nommer. Ou de “l”‘écrire. Mais un mot. Un unique mot est apparu. Un mot imprimé sur une page. Je n’aurais jamais pensé embrasser une étoile. Ou découvrir une quelconque chute. Mais ce mot m’est apparu. Dans une bouche incapable de le porter Au-delà des rêves Au-delà des lèvres. 

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