Perdre ou sauver ?
Elle pourrait être dite sur tous les tons, cette phrase
Du halo de lumière à la cire.
L’éteindre est-ce la perdre ?
La mèche reste au doigt
Et le nuage est une espérance d’eau, qui dit :
La feuille reste blanche.
Littérature, écriture
Journal des poèmes
Perdre ou sauver ?
Elle pourrait être dite sur tous les tons, cette phrase
Du halo de lumière à la cire.
L’éteindre est-ce la perdre ?
La mèche reste au doigt
Et le nuage est une espérance d’eau, qui dit :
La feuille reste blanche.
Pierre écrase peau
Sommeil long
Tous les corps sont figés dans l’éboulis des jours
La mort délivrerait
Herbes grasses le long de la voie
le long des rails, ligne luisante
Poissons ferrés ou suffoquant le long le long
(Tout le monde rêvent d’aquarium)
La virgule frétille.
Je quitte ma lecture. Je ne peux l’empêcher. Assis dans le RER je lève les yeux. Je les ferme. Je lève les yeux. Le dire ne suffit pas. Mais le vertige est grand. Jubilatoire. J’en ai mal aux dents. Pourquoi oublierai-je ? Est-il une communauté du dire ? Ou moins, ou mieux. Une communion. Chaque mot serait flamme. Comment arrive-t-on ici ? Entre deux moments, le lieu luit, n’a pas changé. Il est une évidence.
C’est vrai,
J’avais oublié.
J’avais oublié.
La ponctuation à son importance.
Cela se joue ici, entre la lettre et la virgule, entre l’espace et la lettre, entre l’espace et le signe ; (peu loin)
Entre la représentation de l’endroit et l’endroit, entre l’endroit et sa représentation ; aux marges de la trace, dans la trace elle-même : quand la boue creuse la flaque et la flaque le ciel.
Non que le ciel soit sous les yeux, mais c’est tout comme, sous la paupière (fermée), quand le nulle part apparait, malgré malgré.
Le mot dit une reconnaissance,
Il ne désigne pas l’objet
mais la reconnaissance,
Qu’a-t-il reconnu qui vaille d’être nommé :
La glycine en fleurs
La jambe jupée
Qu’a-t-il reconnu ?
Mon passé est une boule de graisse, au vent
Que les oiseaux de mémoire picorent
Infatigables
Dans le froid,
Tout se tait
À part la mort avec son goitre
Mais l’oiseau lui pépie
Vois ces phrases
Ce sont les siennes ;
Ils pépient.
Entre ici et ici, est-il un vertige calme ?
J’aimerais
Mais le paillasson n’est pas vierge
Et si je l’ôte ?
L’espérance serait que la salle d’attente soit en réalité jetée
Jetée d’un ancien port
Et qu’à mes pieds sur le lino
D’autres rêves, tels des poissons, daignent s’approcher.
Le réel aussi est un instrument
Les mots, tout sonne faux
Quelle couleur choisissons-nous ?
Quel moment fait-on vibrer ?
A-t-on exploré le langage
Sait-on ses propriétés, Toutes
Ses combinaisons nouvelles.
Sait-on voir ?
Je suis enfermé dans le cauchemar des jours. Je suis prisonnier du corps. À moins que le corps soit prisonnier de moi ; vasque ouverte sur le monde. Je n’ai pas vraiment choisi d’être ici ni aujourd’hui. Et toute l’information traitée, autour de moi, fait peu pour mon confort. Être sur une île déserte ajouterait à mon désarroi. Je laisse passer à travers mes yeux, deux vifs sourires sauvages et timides. D’un noir précieux. Il faudrait imaginer le corps comme une caverne, comme un abri, habité par deux félins, toujours libres de la quitter, ici et maintenant pour la grande aventure.
La mésange est sortie,
elle s’est habillée de bleu.
Sais-tu la reconnaitre,
son chant est silencieux.
Elle fait une lettre longue
discrète et longue ;
Fin comme un cheveu,
un cheveu d’or
dans le ciel bleu.
© 2025 Raphaël Dormoy
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