Nous voyons une forme du monde. Nous voyons l’une des formes du monde. Dans sa forme la plus pure elle est silencieuse. Belle aussi, par ces émotions de lumière. Mais aussi mouvement. Et immensité. Donc vertige. Concentrons-nous sur la lumière. Et sur ce chemin de campagne sur lequel nous roulons, moi et mon fils. Chemin fleuri, d’Irlande, bucolique. Chemin bucolique d’où sous les paupières. Doux. Nous y sommes. Parmi les moineaux. Non loin de la brume qui lèche et dévore les collines. Nous y sommes. Au-dessus des flaques, éparses. Au-delà des nuages. Nous y sommes. Parmi les sansonnets. Qui ponctuent la route comme des noires, sur des fils – tandis que les moutons font la blanche dans les demi-tons de vert vers. Nous y sommes. Que dire ? Sinon bêler bêtement ? Or bêler la beauté. Telle est la question. Mais pas encore. Pas là. Pas ici. Avancer devant ces paysages, devant cette immensité. La route elle-même. Elle pourrait être explosion. De larmes. De joie, de verdure de lumière. Que dit la ligne. Que disent les routes ? Ma manière de consommer le monde n’est peut-être pas la bonne. Quelle distance ai-je ajouté ? Peut-être n’ai-je pas trouvé les bons trous pour apprendre à jouer. Peut-être que tout sonnerait faux, y compris les sourires. Que tout sonne faux, que tout sonne fou. Que tout sonne faux. Que tout sonne fou. Instrument mouillé. Et la partition reste muette. MUETTE. De l’ici loin. De l’ici près.

The road of the lost valley