La maladie vous écrase à la surface des mots, vous presse, vous oppresse. Vous vous retenez de tousser. Un nénuphar dans un bois tassé pourrait-il faire le pari d’un rai de soleil (s’il avait une conscience?) ; mais un brin de fleur au milieu d’une poudre calcinée, à quoi rêverait-il ? D’eau, serrant sur son cœur son souvenir en forme de goutte. Est-ce ainsi au moment du départ ? Chérir la vie et remercier ? Une cave ne peut servir de séjour à moins qu’on soit rat ou mite. Mais parfois il arrive que le cœur y ressemble. Alors quelle espérance former ? Assis au fond du RER, sale parmi soi (canettes, crachat) il suffit de se rappeler une goutte, de la regarder, n’importe laquelle des gouttes tremblant sur la vitre, et peut-être un regard, une personne, vibrant comme elle pour se rappeler ; se rappeler quoi ? Voilà bien une chose difficile à énoncer, à justifier comme si les deux mains arrachaient au récit la tête noire d’un monstre marin sorti des eaux d’encre, avant de la laisser repartir. Se rappeler quoi ? Il restera, en plus de la calme éternité, un rai de lumière, pour plus tard, plus tard. Et de se dire en suspend, quelle note jouera sa corde.
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