La respiration de mon fils dans le soir
La mienne se cale dessus
Que la nuit est ample, et profonde.
Littérature, écriture
La respiration de mon fils dans le soir
La mienne se cale dessus
Que la nuit est ample, et profonde.
le soleil sait-il
qu’un champ de tournesols
tourne papa, tourne
Où cloîtrer le temps ?
Entre les deux platanes ? entre leurs feuilles ?
Entre les mains du vieux monsieur qui passe et repasse.
Dans les gestes de la serveuse qui déplie les tables.
Dans les coups lointains de marteau-piqueur.
Dans les chants de cigales, qui font vibrer la place.
Place ronde, mon regard saisit le temps.
Les poissons tournent dans le bassin,
Les voitures tournent autour de la place,
Et l’enfant soulève la poussière avec son aiguillon.
L’époque colle à la peau, comme une boue
malodorante. Les enfants courent sur le chemin
avec leurs lumières qui courent dans tous les sens.
Souviens-toi du volume, de l’ère de la nuit ;
Et les mots qui restent, il faut les espérer sincères, bien secs,
Et les voir tomber comme on tape des semelles.
Grandir sous les tilleuls, avec leurs feuilles vertes tantôt argentées ;
Grandir avec la lumière qui se fraie un chemin sur la couche de copeaux,
parmi les feuilles qui étendent le spectre de la couleur : ocre, terre, jaune ;
Grandir au pied d’un platane en écoutant les enfants jouer ;
Grandir encore.
Au bord d’un nuage :
je pensai que mon fils m’avait lancé une pierre,
mais c’est un oiseau.
Et, ce que j’ai pris tout à l’heure pour un déchet plastique est un papillon.
Au bord du même nuage, un vigoureux frêne m’instruit
— ses branches, sa lumière, —
tandis que mon fils est entré dans l’eau du canal,
montrant les poissons autour de lui ;
On ne se lasse pas des miracles.
A travers la vitre
Le bel éclat de lune
Mon fils grandit
Les enfants
Le spectacle
Les enfants
Faire des selfies avant la mort,
ou regarder le ciel.
Mon fils creuse le sable.
Ne plus être vraiment là :
l’esprit, les coups de trop ; mais hors soi.
Le monde est une épaisse couverture et les arbres du jardin seraient mes poils.
Le monde est une question de distance,
Mon fils m’apporte une pâquerette.
“Soyez terrestre,
élevez-vous”, disent les mouettes.
Les moineaux, à hauteur de ciel,
de nuage, de chaises
veillent au grain : sable ! soleil !
Il me souvient de l’enfant,
ancré, ancré,
mais quel âge a-t-il,
quel âge terrestre ?
qui déroulait son fil, entre ciel et mer
Puis déployait ses ailes,
son cri.
© 2021 Raphaël Dormoy
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