Ah si je pouvais faire un pas, un petit pas de côté.
Mais pas encore.
Je pourrais m’allonger dans le présent, pour me rendre avec lui.
Oh chien fidèle, oh vieux compagnon !
Toujours là, frétillant : à m’attendre
M’attendras-tu, longtemps encore ?
Ah si je pouvais faire un petit pas,
Ce petit pas ce petit pas de côté.
La caresse de la langue.
Catégorie : Poèmes (Page 6 of 33)
Journal des poèmes
Les hommes sont dans leur voiture de pensée.
Mais pas les arbres.
Il klaxonne. Les phares éblouissent le passant.
Pour la première fois, je vois la place.
Tant de détails qui restaient cachés, se soulèvent.
Mon inquiétude de cette découverte se lit dans mes yeux.
Et encore je ne regarde qu’un côté de la place, que d’un côté du banc.
Le banc tremble.
D’autres ont ils la chance d’avoir le regard qui marche, quand ils passent ?
D’autres connaissent-ils cette place aussi bien que je l’ignorais.
Je la traverse depuis des années.
D’ici, de ce banc, pourrait-on saisir le monde dans ses bouleversements, ses soubresauts ? sa constance.
La place s’est illuminée. Il est 17h57.
Je regarde le sol.
Le vertige.
Quand les volets sont clos,
Que puis-je : dire ?
Une partie est sur le point de commencer.
Cette simple perspective, nouvelle
Me met en joie.
(Il suffit en plus que le métro traverse la Seine.)
Une simple partie commence,
mais quelle est-elle ?
Ah, un imbécile sourit dans la rame :
J’attends, j’attends, dit-il en tapotant.
Les gens autour sont bien étonnés.
Une femme chantonne une mélodie.
Les portes s’ouvrent,
J’emporte son petit air, près de moi,
Près de moi.
Il lève les pieds
Il recule
Le chercheur de lune
Le fenêtre est plus sale
Est-ce le brouillard ou la pluie ?
Mais il suffit d’ouvrir
pour que naisse le monde, à nouveau.
Tant cette virgule est importante :
Le loquet.
Finirait-il par connaitre chaque arbre,
Chaque parcelle chaque pierre
L’espérance serait ainsi.
Archaïque celui qui ;
La femme ouvre son écran pour en faire sortir une partition avant de la ranger. Les pages numérique défilent comme une partition au vent fort.
Mais après tout, son instrument est à ses pieds, couché.
Archaïque celui qui
Regarde les mots en lui comme du gros fer.
Verrait-on un homme en armure entrer dans le TER et s’asseoir, tandis que son cheval hennirait, sortant la tête en bout de rame ?
Archaïque celui
Qui regarde la neige à travers la vitre de nuit,
Même si la neige ne tombe pas,
Ne tombe plus.
Archaïque celui qui sait voir le mystère
Est étonné du mystère,
Et sait le déchiffrer
Comme la musicienne sa partition.
Y a t’il quelque chose qui
Me rappelle à ma part de mystère ?
Tous les signes au contraire
Me ramènent ici, sur les marches d’escalator
Dans les couloirs, le hall de la gare
Tout me ramène ici : dans un signe travesti.
Qui s’il capte votre attention
Est pour vous prendre ce supplément d’âme.
Dans le hall, l’environnement vous souffle vos flammes
Ou elles s’éteignent par les trop forts courants d’air.
Quelle part de soi offrir ?
J’ai mis
J’ai mis trois francs dans la manivelle
Pour faire sortir un poème
J’ai mis, je me suis souvent tu
Il faut se taire
Mais il suffit d’une goutte de quatre pour que
Pour qu’une parole naisse
frêle tendre
On sait qu’elle portera ses fruits tard
En attendant j’ai mis
J’ai mis trois francs
On entend le petit air.
Arbre
Quelle vibration !
Le mot résonne d’une certaine manière
en moi, sur une feuille qui n’est pas,
Avec cinq lettres.
Mais la feuille et les caractères vibrent d’une façon certaine
À présent. Qu’ai-je dit de la façon de la manière ? Rien
Arbre.
Je n’ai toujours pas ce bureau dont je rêve
Mais j’ai la vue sur le ciel
Et ce ciel se trouve entre deux mots,
Entre le mot “vue” et le mot “ciel”.
Je ne me souviendrais peut-être plus des mots,
Mais du ciel ?
À présent j’éteins le poème
pour mieux observer : ce ciel
habite en moi.
Je n’ai toujours pas ce bureau dont je rêve
Mais j’ai la vue sur le ciel
Et ce ciel se trouve entre deux mots,
Entre le mot vue et le mot ciel.
Je ne me souviendrais peut-être plus des mots,
Mais du ciel.
À présent j’éteins le poème,
Pour observer, ce ciel
habite en moi.
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