Raphaël Dormoy

Littérature, écriture

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14.08.2015

Les étoiles ont cessé de briller
un lampadaire éblouit la nuit
les nuages réverbèrent le passage d’un avion
(en direction de lui-même, c’est indiqué)
quel silence que l’obscurité est profonde
le souvenir d’un grillon persiste
des masques grimaçants passent au-dessus du banc
Je bois une autre bière
l’obscurité a-t-elle mangé la nuit ?
pourtant l’olivier, dans la clarté du lampadaire, tient tête
il est grand il respire
au-dessus de lui une trouée
une étoile sept huit
la nuit ne prend pas partie.

08.08.2015

L’absence d’horizon
me voici libre d’une vie sans horizon
quel calme
le jardin est désert à cette heure
Les jeux attendent les enfants, qui reviendront
demain
L’absence d’horizon
c’est l’éternité augmentée du dehors
Le passé est loin derrière 
et l’avenir n’est pas
Le jardin pourtant délivre ses promesses
L’aire de jeu attend les enfants.

27.07.2015

Je n’appartiens plus au réel. Je le sais aujourd’hui. Je respire
certes.
Je ne sais pas ce qui manquait au monde.
Ma présence peut-être.
Je n’y suis plus. J’ai dû manquer quelque chose.
Seuls les cimetières me parlent. Ce sont des lieux doux et calmes
comme le monde.
La clarté ne s’est pas absentée de mes yeux. Au contraire elle est là présente. J’égraine les hypothèses comme le calice d’une fleur.
« Prudence », est-il écrit.
Tous les chemins mènent nulle part.
Alors pourquoi rester là.
Les graffitis sur les murs font des figures absentes. Pourtant chaque rivière porte un nom. Mon fils
assis derrière moi est une joie solaire. Nous partons vers les paysages absentés. Les paysages absentés c’est la lumière.
Le reste est ornement.
Je ne profite même pas du monde. Je n’en ai jamais profité. Je suis plus parasite que chien. Ma seule gloire est d’attendre le transport.
Mon fils parle et gazouille une langue familière tandis que je m’accroche à mon transport.
Certains villages par leur nom évoquent une femme, avec leur fontaine, leurs gouttières, leur dos d’âne.
Chaque rond-point est une respiration vers.
J’écris de tête, je réussis ce miracle.
La lumière ne laisse rien passer. Les voies sont ouvertes. On approche. De quoi ? On approche de quoi ? On commence à approcher. Quelle déception ! Les questions sont des culs-de-sac, des impasses originelles, qui, lorsqu’elles sont exactes, nous renvoient à cette autre,
première, vibration tactile où tout s’éclaire. La vitesse est limitée.

Haïkus (extrait)

Le haïku est une forme qui m’accompagne
D’ici et là, quelques haïkus

allons donc mes yeux
quoi donc les fermerait
sinon le soleil

les gouttes de pluie
le silence en la vallée
se décline en gouttes

le chant d’un pinson
fait vibrer dans la vallée
les premiers rayons

la cuisson du soir
le chant de ma compagne
le son de sa lime

le cours du ruisseau
se détache de sa branche
et tombe dans l’eau

nuit orageuse
les insectes dans la nuit
montent d’un cran

son beau cerisier
il n’a rien donné, dit-elle
à celui qui l’admire

simplement vêtu
de sa tenue d’hiver
le vieux poirier

anodin, dis-tu
ses bourgeons côtoient la lune
au cœur de l’hiver

 

Essai sur la transcription – Journal des rêves (2013-2014)

La transcription des rêves suit une voie que la voie elle-même ignore. Par transcription, il faut entendre dans une carrière psychique, alchimie des fioles qui font jaillir l’exact souvenir. J’en bâille, je présume qu’il s’agit d’un encouragement. Souvenir dynamique et non pas souvenir rapporté. Là est la nuance, la faille océanique, le lien sismique. Le souvenir rapporté risque de faire échouer l’entreprise aussi vrai que la méduse supposée n’est bientôt qu’un sac plastique échoué sur une plage. Transcrire, c’est faire confiance au réel. Transcrire relève d’un ordre mystérieux, cependant exact, aussi vrai que le sujet refait l’expérience de sa finitude en ouvrant les yeux. Transcrire relève d’une forme qui réalise sa forme. Transcrire relève du diamant qui connaît son sillon. Je bâille une fois encore, est-ce bon signe ? On n’entre pas dans le sommeil comme on se jette en politique. Transcrire nécessite foi et persévérance, effacement et discrétion. On n’entre pas dans le sujet comme on entre dans un œuf à la coque. Transcrire est gratuit. Transcrire est ingrat. Transcrire nécessite de coller à l’exact réel. Nulle autre manœuvre que de faire jaillir les rêves déjà rêvés. Mais me direz-vous, comment puis-je être sûr de ce que j’avance ici. Eh bien c’est justement ce qui fait la différence entre la transcription et le souvenir, entre le spectateur et le commentateur, entre le saut et la perche. En art le doute est à la fois masse de l’objet et sa résistance. Transcrire c’est être en mesure de verser le cha dans l’aiguille et de se piquer au je : « Aïe » disent les Anglais. Transcrire c’est fuir cette époque qui a décimé les rêves, la forme, l’art, les mots, l’intelligence au profit de ce qui ne dort pas, de ce qui erre, de ce qui réfute l’art et la vie, la cycle et la durée et la gradation des couleurs. Transcrire c’est aller au-delà du souvenir, c’est-à-dire du paysage entraperçu à l’instant de l’éveil.

10.04.2014

06/12/2013

Dans l’effondrement, j’ai fait ce rêve, ce merveilleux rêve. Je découvrais des formules de guérison. Comment les découvrais-je ? J’étais l’Univers, pardi ! Ce n’est pas exact. J’étais là où tout se tait à la bordure de l’Univers. C’est très étrange comme état. Et dans le rêve je découvrais des formules de guérison. Chacune de ces formules, sitôt sue, avait le pouvoir de déplacer le corps et de le soigner. Ce n’était pas une expérience de décorporation du corps dans la pièce où le corps s’est endormi, mais l’expérience d’une décorporation du rêve dans le rêve lui-même. Irrésistible point d’appui, que la volonté consciente reconnaît. Il me semblait que toutes ces formules de guérison étaient des anges, chacune de ces phrases déplaçait l’être dans une localité particulière. Des phrases simples dont il ne me reste rien au réveil. Comment les cueillais-je ? Je ne sais pas. Les fruits invisibles. Tout le reste était tristesse. Les forêts brûlaient. Des éléphanteaux venaient encore se baignaient parmi les hommes.

Journal des rêves, Le sourire des anges

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