Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 4 of 30)

Journal des poèmes 

14.01.2024

Archaïque celui qui ;
La femme ouvre son écran pour en faire sortir une partition avant de la ranger. Les pages numérique défilent comme une partition au vent fort.
Mais après tout, son instrument est à ses pieds, couché.
Archaïque celui qui
Regarde les mots en lui comme du gros fer.
Verrait-on un homme en armure entrer dans le TER et s’asseoir, tandis que son cheval hennirait, sortant la tête en bout de rame ?
Archaïque celui
Qui regarde la neige à travers la vitre de nuit,
Même si la neige ne tombe pas,
Ne tombe plus.
Archaïque celui qui sait voir le mystère
Est étonné du mystère,
Et sait le déchiffrer  
Comme la musicienne sa partition.

 

15.10.2023

Y a t’il quelque chose qui
Me rappelle à ma part de mystère ?
Tous les signes au contraire
Me ramènent ici, sur les marches d’escalator 
Dans les couloirs, le hall de la gare 
Tout me ramène ici : dans un signe travesti. 
Qui s’il capte votre attention 
Est pour vous prendre ce supplément d’âme. 
Dans le hall, l’environnement vous souffle vos flammes 
Ou elles s’éteignent par les trop forts courants d’air.
Quelle part de soi offrir ? 

 

11.10.2023

J’ai mis 
J’ai mis trois francs dans la manivelle 
Pour faire sortir un poème 
J’ai mis, je me suis souvent tu 
Il faut se taire 
Mais il suffit d’une goutte de quatre pour que 
Pour qu’une parole naisse 
frêle tendre 
On sait qu’elle portera ses fruits tard 
En attendant j’ai mis 
J’ai mis trois francs 
On entend le petit air. 

 

15.09.2023

Je n’ai toujours pas ce bureau dont je rêve
Mais j’ai la vue sur le ciel
Et ce ciel se trouve entre deux mots,
Entre le mot “vue” et le mot “ciel”.
Je ne me souviendrais peut-être plus des mots,
Mais du ciel ?
À présent j’éteins le poème
pour mieux observer : ce ciel 
habite en moi.

Je n’ai toujours pas ce bureau dont je rêve
Mais j’ai la vue sur le ciel
Et ce ciel se trouve entre deux mots,
Entre le mot vue et le mot ciel.
Je ne me souviendrais peut-être plus des mots,
Mais du ciel.
À présent j’éteins le poème,
Pour observer, ce ciel 
habite en moi.

 

12.08.2023

Quoi rend le poème ?
Le poème joue les prolongations
Mais le merveilleux lui se tait ;
L’arbre ne dit rien. Il est.
Le poème serait comme le coquillage
Ajoutant celui qui le saisit devant la mer. 
L’arbre dans la rue,
situé devant la devanture du restaurant,
ne dit rien. Il est.
Dieu, quel vertige à présent.
L’arbre me fait une passe.

 

02.07.2023

Tout est commentaire. En effet comment taire ? Comment taire le commentaire ? Comment écrire ? Comment écrire sans être Commentaire. Comment taire, comment écrire ? Comment écrire sans être Commentaire ? Comment vivre ?
Comment taire. Tout le temps le bruit scelle. Un batracien sous la neige, une mouche qui s’innerve s’énerve. Tout concourt au même point. Tout, tout autour, tout. Tout est. Commentaires.
Il ne s’agit pas de crire. Ou alors, avec force ! Du rire au cri. Lundi, mardi : déjà deux. Lundi, brindille ? déjà trop. Mardi, jeudi. Le bruit scelle. Ça y est c’est foutu, tout est commentaire. Et le silence lui cogne. Mouche à merde, pompe.
Décidé sur le tapis, vert. Un, deux, trois, un, cinq, deux. Quant à l’automate : même mouvement. Vers la bouche. Un, deux.
Tout. Est. Comment. Taire. Aire, ère. Tout est. Tout. Est. Mettez le point où vous. Voudrez ? Commentaire !
Rien, il ne s’agit pas de nier. Du trop au port. Ni de tordre la langue Irène. 
Il faut plonger dans les rêves.
D’abord.

 

16.06.2023

Parfois, nous voudrions être ailleurs
Et nous souhaiterions que le temps passe, nous y porte ;
Que le temps vienne, pour fuir ce temps qui n’en est pas un,
Pour nous rapprocher de cet autre, qui n’est pas.
Sur le quai, dans la fissure qui va du bord du quai jusqu’à mes pieds,
des plantes ont poussé.
Et, tout son long, entre la bordure et l’asphalte, d’autres ont fleuri.
Mais aussi dans le ballast, au bord des rails, aux couleurs ocre et grise.
La voix des haut-parleurs emplit l’air des dysfonctionnements de voie.
Avec un peu d’imagination, les rails qui ondoient pourraient être de longs cheveux d’une femme rousse.
Des moineaux pépient aux heures chaudes du jour.
Le papillon prend ce qu’il peut, où il peut.
Chaque chose chaque être a trouvé sa place, et la tient malgré cet entre-deux.

 

21.05.2023

Finalement la vie où nous conduit-elle 
Léger il faut voyager léger 
D’ailleurs dans voyager il y a léger 
D’ailleurs dans le voyage il y a léger il y a l’ai-je. 
Ce à quoi tu tenais n’est plus, 
Mais ce qui doit être gardé reste, 
La suite est un souvenir :
Je m’occupe que mon fils grandisse 
Et je garde la mesure, l’entrepièce,
Cet endroit particulier ce sillon à rebours qui fait que la chose reste : écrire. 
Il reste les souvenirs 
Il reste celles et ceux qui comptent parmi les tiges du printemps
Le reste doit être lavé, nettoyé.  

 

22.05.2023

À qui parles-tu quand tu ouvres les yeux ? 
Que tais-tu quand tu ouvres l’écluse ? 
A-t-on besoin d’un autre motif que la somme des coquelicots en fleurs ?
Des chardons, du rapistre, de l’erodium ?
Et que vois-tu ? La fleur sa couleur la tige, le lieu de ta propre ignorance ? 
Es-tu le navigateur, le machiniste l’esthète ou le passager ? 
Es-tu le liseron des prés, de tout près, l’abeille la guimauve 
le chant du rossignol, celui de la fauvette, la valse d’un papillon,
d’une demoiselle ?
Es-tu multiple ou l’un seul ? 
Ne marches-tu pas dans un songe ? 
Tu es là où le regard te porte. Tu es cette émotion de matière. 
Tu es ce qui t’entoure que tu ne sais ni reconnaitre ni nommer 
Tu es ce qui te traverse, 
Et, la destination est le chemin lui-même.
Une vie entière ne suffirait pas pour le premier pas. 

 

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