Ralenti… Ralenti !
Nouveau jour, nouvelle aube : Profites-en.
Tu n’avais rien vu, n’est-ce pas ?
Ralenti ! Ralenti encore.
(Quelle que soit la fin, nous la toucherons.)
Écoute. Quel est ce chant ?
Les mésanges charbonnières, leur voix :
“L’ici-bas et l’au-delà”, “l’ici-bas et l’au-delà”
Les marronniers dans le ciel blanc montrent l’heure blanche.
Élevons-nous, élevons-nous encore.
Le merveilleux, ce pétiole entre les limbes et le monde.
Les roulettes des sacs font que j’adhère encore,
La chute s’annonce merveilleuse au clair de l’hiver.
Catégorie : Poèmes (Page 23 of 33)
Journal des poèmes
Comment habiter l’espace ?
Tant de fils
Tant de fils autour de soi
Et cet espace autour, inaccessible
Autour, autour de quoi
Quoi quoi, quoi quoi le corps cocon
Et cet espace autour, inaccessible
Autour, autour de quoi
Quoi quoi le corps cocon
Tant de fils autour de soi
Tant de fils, et cet espace autour, autour de soi (e)
Est-il un silence qui le contienne ?
Dans ma vie, je n’ai pas de place ni pour un livre ni pour un poème.
Le silence s’arrache au prix d’un grand silence
Je ( ) regarde mon espace, restreint, et ma bibliothèque
(Tous les livres) s’entassent comme (des) chemises (, ) froissées, jetées dans un bac
Le grand ( ) jour n’est point venu : le Pierrot me tourne le dos
Je vis dans une feuille, volante.
Tandis que le corps creuse ses ( ) galeries partout.
( ) L’électricité marche encore
La plante est vigoureuse.
Chaque fois que je prends le métro,
je me rappelle ô combien j’ai la chance d’être joyeux
mais, peut-être que tous ces gens autour de moi portent-ils des masques de fête ?
que les regards se concentrent à ne rien dévoiler de la fête ?
qu’ils font mine de ne pas voir mon sourire, mes clins d’œil,
trouvant plein de prétextes — toux, rictus, écrire un message, rictus — oh oh
finalement le métro est une grande fête
et nous attendons l’arrivée de la Nuit
pour nous dévêtir.
Je suis dans le métro
Dans le rame, les yeux sont désoeuvrés, inquiets.
“Où vais-je après ?”
La porte des mondes s’ouvre,
La porte des mondes s’ouvre et se ferme.
“Où vais-je après ?”
La porte des mondes se ferme, les tracas ont repris le dessus
Elle s’ouvre quand tout s’arrête de penser.
“Où vais-je après ?”
“Où vais-je après ?” est une destination,
Un chemin en soi — un boulevard.
C’est un chemin ouvert dans la nuit,
Mon sourire fait des étincelles.
Quand les illusions sont tombées, que reste-t-il ?
La fin d’une tasse de café ; un sourire
(accueillir ce qui vient)
Accueillir ce qui vient
Lustrer la seconde comme une goutte
Avoir la vue courte, saisir le loin
Sourire, et ne pas oublier le centimètre qui fait la différence.
Ai-je le droit d’être moi-même ? te demandes-tu
assis-toi au milieu de la pièce
laisse-la te chuchoter
en fermant la porte-hier
Le corps est lourd de tous ces souvenirs qui encombrent
le corps,
comme un coffre trop chargé
Comment se délester
quand ces souvenirs appellent leur direction
quand d’autres s’offrent à soi comme une poire mûre.
L’homme dit un poème
L’homme dit un poème silencieux
un poème que quelqu’un entend distraitement
un poème fait avec des (e)
un poème en équilibre
L’homme dit un poème en équilibre
Bientôt le regard de l’homme dessine une ligne
et ses bras imaginaires se déploient
Et bientôt, toute la vie tient dans son poème
dans son poème, en équilibre
Le métro tangue le métro freine
Le métro tangue le métro freine,
la vie le poème le poème tient en équilibre.
Parfois l’homme s’absente. Puis, il ouvre grand les yeux.
Puis il les ferme, sursaute, une boule tombe dans sa paume, bondit, manque de la faire tomber, bondit, manque de le faire tomber, ouvre un grand sac, l’enfourne au vol et sort.
Je suis assis dans un train
Un voyageur regarde par la fenêtre
tandis que, objectivement,
nous sommes nulle part ;
mais peut être que le voyageur
regarde par la fenêtre,
qu’il écrit un poème sur le nulle part
Le train ponctue notre voyage de destinations.
Je suis assis dans le cimetière
La porte des mondes s’ouvre. Je deviens tout petit.
Je deviens plus petit que les moucherons qui volettent autour de moi
Je deviens plus petit que la feuille de peuplier, qui tombe par terre,
que le mégot de cigarette porté dans la rigole.
Savoir à quel moment ouvrir les yeux comme on sort les mots d’un rêve
savoir à quel moment fixer la parole,
tandis que la porte des mondes est béante et que le monde ne dit rien.
Laisser les milliers de paires d’yeux aller,
décharger le coléoptère de son poids, qui traverse la route ;
Se remplir les poumons, comme d’autres s’emplissent les poches,
gaspiller l’or des tilleuls, et le vent frais ;
Il resterait un regard, un regard plein,
ayant plus d’insistance que n’importe quelle autre durée,
un regard qu’aucune chute ne pourrait soumettre.
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