Littérature, écriture

Catégorie : Journal (Page 3 of 11)

15.10.2023

Y a t’il quelque chose qui
Me rappelle à ma part de mystère ?
Tous les signes au contraire
Me ramènent ici, sur les marches d’escalator 
Dans les couloirs, le hall de la gare 
Tout me ramène ici : dans un signe travesti. 
Qui s’il capte votre attention 
Est pour vous prendre ce supplément d’âme. 
Dans le hall, l’environnement vous souffle vos flammes 
Ou elles s’éteignent par les trop forts courants d’air.
Quelle part de soi offrir ? 

 

28.03.2021

J’ai de la chance. Je vais pouvoir écrire, malgré tout. Par exemple, aujourd’hui j’étais au cimetière, Il y avait beaucoup de passants, un esprit comique aurait dit que les hommes étaient sortis de terre, de leur tombeau, qu’ils profitaient de la lumière de la vie. Il y avait aussi le merle, harmonieux plus qu’un autre oiseau, dont les vocalises nous amenaient loin des jours passés. C’est peut être cette grosse lune hier soir, surplombant le ciel, qui attire le printemps et tous les vivants, par le contour épais qu’elle laissa dans le ciel. Oui j’ai cette chance de pouvoir écrire, c’est à dire d’avoir un espace où consigner des phrases, des mots issus du présent comme on ramasse des bouts de bois avant de les poser à l’abri quelque part, avant la tomber du jour.

 

11.10.2023

J’ai mis 
J’ai mis trois francs dans la manivelle 
Pour faire sortir un poème 
J’ai mis, je me suis souvent tu 
Il faut se taire 
Mais il suffit d’une goutte de quatre pour que 
Pour qu’une parole naisse 
frêle tendre 
On sait qu’elle portera ses fruits tard 
En attendant j’ai mis 
J’ai mis trois francs 
On entend le petit air. 

 

05.10.2023

Une écriture qui dévore l’espace, en fait une pâte,
malléable
Une écriture qui transforme l’espace en soufflet 
Une écriture dont la portée tient de la farce 
Une écriture qui ne retranche rien, ni au silence ni au mystère 
Mais révèle d’oiseaux d’obscurité.
Une écriture qui me resitue ici 
Dans le monde des morts dont les vivants sont partie.  

 

24.09.2023

J’écris depuis ma chambre. Je suis dans la gare. Mais j’écris depuis ma chambre. La gare Montparnasse est accidentée. Les trains circulent mal. Mais j’écris depuis ma chambre. Reconnaitre ce point, cette localité, est un impérieux. Car c’est avec étonnement que la localité se manifeste. Pourrais-je être autre part tout autant. Mais je reconnais un lieu autre, parfaitement localisé, d’où je contemple les passants, la gare, les passants sous le panneau des horaires. Diantre, quelle richesse. Le second impératif est justement l’acte d’écrire. J’y suis. Y a plus qu’à. La chambre pourrait être ailleurs, ou la pièce pourrait être autre chose que l’acte d’écrire. Mais c’est ainsi. Diantre quelle chance, tant de détails tous ces détails. 

 

15.09.2023

Je n’ai toujours pas ce bureau dont je rêve
Mais j’ai la vue sur le ciel
Et ce ciel se trouve entre deux mots,
Entre le mot “vue” et le mot “ciel”.
Je ne me souviendrais peut-être plus des mots,
Mais du ciel ?
À présent j’éteins le poème
pour mieux observer : ce ciel 
habite en moi.

Je n’ai toujours pas ce bureau dont je rêve
Mais j’ai la vue sur le ciel
Et ce ciel se trouve entre deux mots,
Entre le mot vue et le mot ciel.
Je ne me souviendrais peut-être plus des mots,
Mais du ciel.
À présent j’éteins le poème,
Pour observer, ce ciel 
habite en moi.

 

12.08.2023

Quoi rend le poème ?
Le poème joue les prolongations
Mais le merveilleux lui se tait ;
L’arbre ne dit rien. Il est.
Le poème serait comme le coquillage
Ajoutant celui qui le saisit devant la mer. 
L’arbre dans la rue,
situé devant la devanture du restaurant,
ne dit rien. Il est.
Dieu, quel vertige à présent.
L’arbre me fait une passe.

 

27.07.2023

Nous voyons une forme du monde. Nous voyons l’une des formes du monde. Dans sa forme la plus pure elle est silencieuse. Belle aussi, par ces émotions de lumière. Mais aussi mouvement. Et immensité. Donc vertige. Concentrons-nous sur la lumière. Et sur ce chemin de campagne sur lequel nous roulons, moi et mon fils. Chemin fleuri, d’Irlande, bucolique. Chemin bucolique d’où sous les paupières. Doux. Nous y sommes. Parmi les moineaux. Non loin de la brume qui lèche et dévore les collines. Nous y sommes. Au-dessus des flaques, éparses. Au-delà des nuages. Nous y sommes. Parmi les sansonnets. Qui ponctuent la route comme des noires, sur des fils – tandis que les moutons font la blanche dans les demi-tons de vert vers. Nous y sommes. Que dire ? Sinon bêler bêtement ? Or bêler la beauté. Telle est la question. Mais pas encore. Pas là. Pas ici. Avancer devant ces paysages, devant cette immensité. La route elle-même. Elle pourrait être explosion. De larmes. De joie, de verdure de lumière. Que dit la ligne. Que disent les routes ? Ma manière de consommer le monde n’est peut-être pas la bonne. Quelle distance ai-je ajouté ? Peut-être n’ai-je pas trouvé les bons trous pour apprendre à jouer. Peut-être que tout sonnerait faux, y compris les sourires. Que tout sonne faux, que tout sonne fou. Que tout sonne faux. Que tout sonne fou. Instrument mouillé. Et la partition reste muette. MUETTE. De l’ici loin. De l’ici près.

The road of the lost valley

02.07.2023

Tout est commentaire. En effet comment taire ? Comment taire le commentaire ? Comment écrire ? Comment écrire sans être Commentaire. Comment taire, comment écrire ? Comment écrire sans être Commentaire ? Comment vivre ?
Comment taire. Tout le temps le bruit scelle. Un batracien sous la neige, une mouche qui s’innerve s’énerve. Tout concourt au même point. Tout, tout autour, tout. Tout est. Commentaires.
Il ne s’agit pas de crire. Ou alors, avec force ! Du rire au cri. Lundi, mardi : déjà deux. Lundi, brindille ? déjà trop. Mardi, jeudi. Le bruit scelle. Ça y est c’est foutu, tout est commentaire. Et le silence lui cogne. Mouche à merde, pompe.
Décidé sur le tapis, vert. Un, deux, trois, un, cinq, deux. Quant à l’automate : même mouvement. Vers la bouche. Un, deux.
Tout. Est. Comment. Taire. Aire, ère. Tout est. Tout. Est. Mettez le point où vous. Voudrez ? Commentaire !
Rien, il ne s’agit pas de nier. Du trop au port. Ni de tordre la langue Irène. 
Il faut plonger dans les rêves.
D’abord.

 

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