Littérature, écriture

Auteur/autrice : rd (Page 46 of 53)

22.02.2018

Vieillir c’est apprendre à rêver, à marcher, à mourir seul,
vieillir c’est apprendre que les solitudes se complètent
C’est laisser loin les peurs les pleurs de l’enfant
mais être là pour le consoler s’il s’agite ou qu’il pleure
Vieillir c’est accepter de ne pas être ce que l’être aurait pu être, en d’autres circonstances, en d’autres événements
Vieillir c’est accepter d’être un peu plus épais
moins vigoureux, mais plus épais,
d’être là-haut bras levés, branches folles,
et d’avoir sondé loin dans le passé jusqu’à déformer le présent.

14.02.2018

La neige a quitté les bancs
et le soleil étend ses rayons
il est l’heure de s’asseoir,
La neige couvre le jardin, et luit.
(Le jardin fait l’angle du boulevard Saint-Germain
et de la rue des Saint-Pères)
Je cherche le nom de cette fleur, qui m’est inconnue,
Dehors le boulevard charrie les véhicules et les véhicules font l’effet de blocs, de pierres, passant dans le courant,
La neige a érigé un havre de paix entre le monde et maintenant.

06.02.2018

Il me tarde l’arrivée d’un monde où il serait strictement interdit de rire dans les transports. Oui, comme autrefois dans les photomatons : oeil ouvert,  oreille visible, moue convenue. Ou comme à cette époque ancienne où le costume était de mise avec son éternelle cravate, grande vainqueur de la guerre des nymphes. Oui, un monde sans visage où le visage ou la moue tiendrait lieu de costume, avec des caméras partout histoire de nous rappeler que chacun est surveillé. Un monde où le sourire serait louche et celui d’un sourire à votre adresse profondément suspicieux. Un monde où le rire ressemblerait à une bouche de métro. 

11.01.2018

Un homme est comme une plante
il lui faut beaucoup de soleil : un peu quand même
il faut qu’il puisse dire “Je t’aime”
et que son sourire arc-en-ciel se dessine quand une goutte tombe sur sa joue
Un homme a besoin de courir comme une plante
d’embrasser et d’aimer comme une plante et de regarder le ciel
Un homme a besoin de regarder, de toucher, de palper, comme une plante
Un rayon suffit, une goutte suffisent, pour que le paysage devienne corps et le corps paysage
Enfin, tout dépend de la plante

23.12.2017

L’homme est une lumière, un pouvoir. Certains sont obligés de concentrer leur lumière en un point. Cet effort leur rend l’Univers particulièrement âpre, et leur séjour sur Terre sensiblement précaire. Ceci n’enlève rien à la beauté reçue. On pourrait voir en ces hères des distingués, des dislingués, des disloqués. C’est sans sentir la masse d’une goutte d’eau, capable d’ébranler la surface du désert. Mais qui la saurait ? Qui la reconnaîtrait ? 

08.10.2017

Au boulot, au bureau, entre deux cafés, entre deux mails, les gens s’évertuent à vous raconter leurs histoires : le matin, le café, les encombrements, la couche, la belle-soeur, le bébé, les enfants, la montée de lait, les vacances, etc. Mais, croient-ils à toutes ces histoires qu’ils vous racontent ? On dirait, tandis que moi je n’ai aucune histoire à raconter. Je suis un réceptacle où la pièce tinte. Mon état se résume en ceci d’attendre que la pièce tinte ; puis, de la voir tomber, dans le réceptacle, et vibrer tinter – sa vibration me fascine – avant qu’elle ne trouve sa position de repos. Oui, et devant mes collègues que j’écoute d’un oeil disjoint, certaines assises, d’autres debout, l’énergie de la pièce se transmue alors dans mes ailes qui se mettent à vibrer. Je quitte alors mon bureau, et mon bureau.

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