Littérature, écriture

Auteur/autrice : rd (Page 46 of 53)

11.01.2018

Un homme est comme une plante
il lui faut beaucoup de soleil : un peu quand même
il faut qu’il puisse dire “Je t’aime”
et que son sourire arc-en-ciel se dessine quand une goutte tombe sur sa joue
Un homme a besoin de courir comme une plante
d’embrasser et d’aimer comme une plante et de regarder le ciel
Un homme a besoin de regarder, de toucher, de palper, comme une plante
Un rayon suffit, une goutte suffisent, pour que le paysage devienne corps et le corps paysage
Enfin, tout dépend de la plante

23.12.2017

L’homme est une lumière, un pouvoir. Certains sont obligés de concentrer leur lumière en un point. Cet effort leur rend l’Univers particulièrement âpre, et leur séjour sur Terre sensiblement précaire. Ceci n’enlève rien à la beauté reçue. On pourrait voir en ces hères des distingués, des dislingués, des disloqués. C’est sans sentir la masse d’une goutte d’eau, capable d’ébranler la surface du désert. Mais qui la saurait ? Qui la reconnaîtrait ? 

08.10.2017

Au boulot, au bureau, entre deux cafés, entre deux mails, les gens s’évertuent à vous raconter leurs histoires : le matin, le café, les encombrements, la couche, la belle-soeur, le bébé, les enfants, la montée de lait, les vacances, etc. Mais, croient-ils à toutes ces histoires qu’ils vous racontent ? On dirait, tandis que moi je n’ai aucune histoire à raconter. Je suis un réceptacle où la pièce tinte. Mon état se résume en ceci d’attendre que la pièce tinte ; puis, de la voir tomber, dans le réceptacle, et vibrer tinter – sa vibration me fascine – avant qu’elle ne trouve sa position de repos. Oui, et devant mes collègues que j’écoute d’un oeil disjoint, certaines assises, d’autres debout, l’énergie de la pièce se transmue alors dans mes ailes qui se mettent à vibrer. Je quitte alors mon bureau, et mon bureau.

13.07.2017

La vie a quelque chose de silencieux et de profondément inquiétant. Autrefois, j’aimais me faire peur. Mais maintenant que la mémoire du passé a disparu, maintenant que cette mémoire n’est plus que souvenir, qu’il ne reste rien, plus rien que quatre meubles, la vie reprend ses droits, lentement, doucement. Mais j’ai vu, et je vois encore, ce lieu terrible : je ne veux pas le nommer gouffre, puisqu’il m’entoure. Entre ces murs, ma mémoire n’est plus qu’une toile sans attaches. L’angoisse d’une solitude où mémoire, histoire, altérité, où tout aurait disparu, tandis que le corps bascule et roule. Autour de moi, toutes mes figures tutélaires qui furent mon refuge s’éloignent aussi. Je suis seul. Je suis seul et je suis celui qui occupe le centre d’une figure absente. Le centre d’une figure sans bord. Le centre de rien. Je suis peut-être à l’extrême du monde, là où les lois de l’attraction cessent, là où le silence reprend sa forme. Mon besoin de l’autre est total. Mais quel autre ? L’humanité fourmille de nous-mêmes partout. L’habitude d’un autre permet-elle de rompre avec le vertige sacré. J’aspire au long silence d’études et de travail. Le bourdonnement de la mouche n’a pas changé.

20.06.2017

Le passé est loin, l’avenir n’est pas et le présent
Qu’est ce ? Un banc sur lequel mes fesses,
– le présent s’efface
La légende dit : les anges soutiennent le monde.
A nouveau je suis à la frontière.
A la frontière, c’est l’homme sans Dieu
L’homme fait homme mais sans lien
Peut-être est-ce Dieu lui-même.
On a scié l’arbre
Et les pigeons dans leur vol ressemblent à
Des pierres tombales.

13.02.2017

Ce n’est pas grave d’avoir tout échoué
Et, je m’assois sur ce banc
je n’ai pas tout échoué, le soleil tient
d’ailleurs je me réchauffe
Les pauvres ont des petites joies  
manger bien manger ils mettent du soleil dans leur repas
Un papillon le premier de l’année est venu saluer  
ailes rouges, blanches, noires, 
Jour de fête ! on ferait chanter les moineaux plus fort
mais ce serait par effet de style
Manger plus lentement, relever la tête, 
les moineaux sont plus audibles.

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