Je ne veux pas lever les yeux. Je les maintiens sur le téléphone. Sur l’écran. À quoi bon, à quoi bon voir ? Chacun dans le wagon, des passagers, cherche un sens à sa vie, l’a trouvé ; et si ce n’est sa vie, un sens au monde, à la situation… Les feuilles dans les arbres, jaune-or, le long de la voie ferrée, ne mentent pas. Tous les corps, vus de dos, non plus. Ils sont là, posés, prostrés, à une distance équitable les uns des autres; cette distance entre les corps, c’est le luxe du RER C de 9h57. Mais le monde, lui ? Le RER C de 9h57 vérifie à chaque instant les conditions de sa représentation. Mais le monde ? Le monde aussi. C’est le principe de fiction. Il est phrase, sans commencement ni fin. Je baisse les yeux. Je me replonge dedans. Dans mon téléphone.

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