Raphaël Dormoy

Littérature, écriture

Page 47 of 53

13.02.2017

Ce n’est pas grave d’avoir tout échoué
Et, je m’assois sur ce banc
je n’ai pas tout échoué, le soleil tient
d’ailleurs je me réchauffe
Les pauvres ont des petites joies  
manger bien manger ils mettent du soleil dans leur repas
Un papillon le premier de l’année est venu saluer  
ailes rouges, blanches, noires, 
Jour de fête ! on ferait chanter les moineaux plus fort
mais ce serait par effet de style
Manger plus lentement, relever la tête, 
les moineaux sont plus audibles.

28.05.2017

Est-ce épreuve que celle à laquelle mon cerveau se livre
Mais qu’éprouve-t-on ? Et pour quel objet ?
Ici est une souffrance imperturbable
Pourquoi donc se rendre ailleurs.
Je puis peut-être espérer m’être transformé en fleur
pour éprouver la sensation de vertige
l’élévation coite, l’enracinement béat (si frêle pourtant) ;
Mais ici nulle couleur vraiment
Et puis je suis anima :
On soulèverait l’écho des montagnes pour les peupler encore.

24.04.2017

J’ai donc écrit un poème en anglais
Assis en dormant sur un banc
C’est donc un poème en anglais écrit lisiblement
Tandis que le soleil échaude le sable autour du banc
Et que la bande en plastique blanche rouge oscille vibre.
Les yeux fermés, je ne reconnais rien autour de moi
Ni en moi, à l’exception de ce phénomène d’étrangeté.
Je suis seul. C’est la place du poète, un strapontin
Comment assumer cette solitude où rien n’est vrai sinon l’affliction que les corps s’imposent
où le monde (des hommes) suit la déclivité,
Comment assumer cette solitude en celui habité par la tentation du sommeil,
Comment assumer cette solitude mon cœur mon enfant ma révolte,
Comment assumer cette place où tout n’est pas pareil que le passé ?
Tout ça fut écrit dans un poème en anglais
Et la chute est un éclat de rire comme une levée de rideau :
Nous sommes tous des enfants abandonnés que le soleil pardonne.

01.03.2017

Nous eûmes aspiré à autre chose
et finalement nous mordons la poussière
La langue lèche les parquets et les angles
Il faut mettre le paquet, dit-on
En fait il s’agissait de mettre le paquet et d’aspirer
Nos ventres sont mal remplis et les dents sont sales
Mais ils font aussi de la prévention
ils nous disent que nous allons dégueuler ou crever
Ils mettent sur les paquets les images
affreuses de la Terre qui brûle, ou pétrifiée
pour nous sensibiliser,
nous dire que tout ceci a assez duré
Alors les hommes se révoltent
les dents se déchaussent au moment de crier
les paroles ne sont pas claires
c’est compliqué à entendre
le silence comment fait-on pour exprimer le silence
quand les machines tournent à fond
nuit et jour, bruit et joue
Alors l’un d’eux s’arrache le cœur, et c’est beau
et l’image est mise sur les nouveaux paquets
de lessive

« Older posts Newer posts »

© 2025 Raphaël Dormoy

Theme by Anders NorenUp ↑

%d blogueurs aiment cette page :