Raphaël Dormoy

Littérature, écriture

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18.12.2020

Ici, la beauté est morte. 
L’homme a retrouvé son destin de bête (un habit de primate)  :
Voici sa conquête, c’est la victoire de celles et ceux qui lèvent les bras en forme de V, 
et qui retournent les tombes comme des fétus de paille.    
Pourtant, souviens-toi : Chaque pas est une victoire,
Sois joyeux pour ça, et le suivant,    
et pour le vide qui se reforme sous tes pas.  
L’âme est un brûleur qui fonctionne à plein régime,
Et parfois le poème est ce jet, flambant, 
plein gaz, dans la montgolfière des jours.
Avant de voir à nouveau le silence. 

 

14.12.2020

Ce paysage m’avait manqué. 
Les souvenirs ne suffisent pas. 
Il a fallu que je m’absente quelques minutes, 
que je sorte les yeux du livre 
pour découvrir ce paysage déjà vu,
dont l’émotion s’était enfouie. 
À présent, le paysage n’est plus.
À présent, des maisons des friches des arbres des arbres fanés des fumées des industries traversent la vitre.  
C’est la fin de saison
C’est la pointe de l’automne.  
Le soleil peine à sortir des nuages. 
C’est le lundi 14 décembre.
Il est 13h23, il fait 11 °C.
Il paraîtrait que l’hiver aura disparu bientôt, 
Que la neige n’est plus. 
Dans les gares, des caméras enregistrent.
La Seine reparaît dans le paysage.  
Je replonge les yeux dans mon livre. 

 

04.12.2020

Concentre-toi sur le détail,
Le détail qui ne convient pas à l’ensemble
Ou si peu. 
Et non sur la lumière devenue ombre,   
Noyau sec, sans chair, pour l’oiseau affamé.
Concentre-toi sur le détail,
Oui, le détail qui ne convient pas  :
Le sifflement aigu du vent dans la fenêtre, 
La rayure faite sur le paysage,
La toux d’un voisin.
Et, sait-on par quel miracle, 
La lumière du monde entre à nouveau,  
Comme un verre empli d’eau. 
Peut-être la salissure est-elle nécessaire 
Pour être dedans,
Comme la poussière ou l’aspérité 
Qui permet au flocon de naître. 

 

29.11.2020

Sortir des corps qui m’habitent,
revenir au réel 
Sortir. 
Mais l’effort des yeux, 
Le pas de côté 
L’écoute attentive n’y suffisent pas ;
J’y suis presque, mais la porte se referme. 
Pourtant, le merveilleux est là!
Il sourit, scintille ait. 
Oh oh! Je vais me retourner et marcher, 
Marcher comme si de rien n’était.
Faire des ronds de jambe — comme si j’étais ailleurs,
Absent.  
Parfois, mes jambes indiquent l’heure. 

 

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