Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 13 of 32)

Journal des poèmes 

23.04.2022

Finalement, je n’ai plus besoin d’aller nulle part
Je suis nulle part
Non dans le chemin tracé des jours
Mais dans l’interstice, quand le segment temporel manque à l’appel
Et qu’il n’est rien d’autre à faire, que d’attendre 
Au bord d’une gare, que d’attendre et voir :
Et là : – il n’est rien. Cet instant rappelle d’autres instants,
Un autre lieu, une autre gare
Un ruisseau devant lequel je restais assis tout le jour,
Puis l’asphalte à cette heure presque désert devient ce ruisseau que j’entends
couler nettement
Et mes yeux ébahis contemplent l’espace – pauvre
avec son minuscule bistrot, sa seule voiture arrêtée,
et les passants passant dont une est perdue, mais par dessus tout
Mes yeux contemplent la liberté
(ou l’espace la sienne.)
C’est bien moi ici, c’est bien le privilège du même lieu.
Un lieu où tout est possible,
mais où le possible est retranché de l’action.
Que faire ? Rien. Savourer, sourire, s’inviter s’inventer
Mais déjà, on me klaxonne.

12.04.2022

                                                                         e

Fenêtre ouverte,
prochain arrêt Vigneux-sur-Seine 
Le monde s’active : Mouche Conducteur de travaux Pelleteuse
Le monde s’active en moi. 
Il est de plus en plus difficile de nettoyer les mots, dans l’eau 
de la fontaine et de les faire sécher sur le bord de la margelle. 
Chacun devient matière, granuleuse, comme pierre ; 
Ou bien tout est-il contenu dans cette seule lettre ?
Comme une fenêtre ouverte. 
Autour de moi, les gens chantent. 
Ouvrir les paupières pourrait être un acte érotique
comme celle qui fait glisser la serviette à tes pieds. 
Je bois les paroles comme des gazouillis,
Et chaque mot est un effort extrême d’une pierre qu’on ne peut plus bouger.
 
                                                                n
l                  v   
                                e        
                                                                        t

05.04.2022

Toujours ce même paysage
L’ –aur–ai-je épuisé ?
Toujours cette nuit, confortable
un luxe – jusqu’à quand ?
Tout tient retient revient d’un équilibre subtil – jusqu’à quand ?
Regarder le paysage qui défile : une conquête simple, la victoire des humbles
Mais si en plus un arbre fleurit, si en plus le paysage se poursuit, la seconde d’après, n’est pas avare de ses richesses ;
Et le poète gagne une virgule comme l’autre une pièce d’or.
Il bruine.
Dans la fenêtre du train, le seconde d’après est l’espoir de la seconde d’avant.

 

02.04.2022

Enfin, enfin. 
Je puis dire Enfin.
Enfin, ou presque. Presque enfin. 
J’y suis presque, presque 
comme le lierre qui toucherait son mur 
Ou presque comme le mur qui toucherait le mur. 
J’y suis presque
C’est ce presque qui excite.  
Un instant, je repartais dans mes pensées 
comme un astronaute pris par le mouvement de son pied, en direction des étoiles. 
Mais la nature en fleur me ramène ici, légère
Oui ici où chaque objet de l’homme pourrait être saisi comme un mystère.
Il reste des bancs !
Je dis Des bancs, mais le un est un des 
qui annonce le hasard et la certitude du nombre.
Ce monde que nul n’apprend à nommer
Il faut le voir pour le croire. 
 
  

02.02.2022

Page après page
Jour après jour,
Qu’a-t-on gagné ?
L’interrogation.
C’est toujours le même paysage, comme une fréquence particulière ;
Et le gros bouton, à moduler.
Parfois une fréquence vous happe
Et c’est le grand rire.
Mais il y a le paysage
Mais il y la lumière
Mais il y a la matière dont la lumière se vêt.
Lumière, matière, obscurité.
Amen.

 

14.01.2022

Rien rien
Ôter la pierre mais pas la pierre
Toute trace, la décoller et tenter de s’en débarrasser les doigts même si ça colle
il y en a partout sur les yeux la bouche
Rien rien
Mais ils sont comme l’oiseau
De pierre en pierre de décharge en décharge ils reviennent
Écouter le bruit quand on rapproche l’oreille du paysage : être ce trou d’air dans le paysage  
Mais après, qu’a-t-on découvert ?
Le soleil.

28.10.2021

Dans quelque temps, je m’allongerai dans ce corps et je ne me réveillerai pas. Voici la destination. Il n’y a plus de sujet à se faire, ni d’angoisse ni de mouron. Alors chaque jour, chaque heure : pourquoi nous presser. J’arriverai tôt ou tard et nous n’aurons même pas le loisir de trinquer à cette victoire. Trinquons avant, chaque jour, de tout notre saoul. Et si tant est que le plateau qui porte la coupe soit trop lourd, rendons-nous tout légers, sans nous rendre coupables du poids. Prenons la vie comme elle est, comme elle vient, comme un ciel. Ni l’arbre ni le ciel ne diront rien de l’envol. 

27.10.2021

Dans le ciel, quoi trouverais-je ? 
Des mots ? Ce sont les murs, mais je vois le ciel.
Combien traverserai-je le pont ?, encore une fois.
J’écris le poème dans le tunnel.
D’autres s’adressent à leurs amis, comme pour maintenir le pont entre les deux falaises,
Mais moi, à qui écris-je ?
Quelle espérance est-il à tracer ces mots ?
Quelle espérance, alors que tout va vers le silence.
Les mots sont presque plus fragiles que d’habitude ;
Ils se casseraient à les prononcer facilement.
Est-il une lettre encore que je puisse mettre dans ce poème.  

22.10.2021

Comment savoir si j’y suis ?
Y suis-je vraiment  ?
Ne me suis-je pas raconté des histoires ? une espérance  ? 
Y suis-je vraiment ?  Ça me paraît, net comme la lentille à l’exacte distance de la feuille et du silence 
Mais alors ? Mais alors, il n’est plus rien à faire
Et l’espérance est un arbre d’abondance.
Il faut tailler les branches, certes.  

 

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