les feuilles mortes
entre les secondes tombent
je les suis, ravi
Auteur/autrice : rd (Page 41 of 53)
J’ai fait un affreux rêve. Un rêve affreux. Comme une chute sans fin. Pris au piège de je ne sais quel sortilège. Dans le rêve, je ne faisais plus aucun travail. J’étais condamné à errer. On imagine l’errance comme une marche sans but. Sauf qu’ici dans le rêve, je ne pouvais me rendre nulle part. Le rêve me commandait, ou me condamnait aussi, à vivre dans la partie la plus sombre, la moins ensoleillée du monde. Mon amie Valérie prenait soin de moi, et me réchauffait les jambes et le corps. Je rêvais d’un monde qui n’existait plus, incapable d’agir dans le rêve ni sur ses lois, si bien que tout semblait plus réel que dans la vie éveillée, et que le réveil ne serait ni plus ni moins qu’une plongée plus assidue dans ce cauchemar.
Livre pauvre réalisé avec l’artiste Ursula Caruel
Son titre serait un poème, Gaufrage et linogravure
Son titre serait un poème – “Le réel est subversif, dis-tu. Comme les fleurs. Tu aurais aimé tout contenir, dis-tu. Comme la branche. Tant pis pour ce qui déborde, soupires-tu. Tu t’émerveilles des morceaux de feuilles que ta main contient, parmi des tickets de métro, et des fourmis, trouvés au fond des poches. C’est déjà beaucoup, dis-tu ; et peu, en levant les yeux. Tes yeux se ferment. L’issue est dans les rêves, dis-tu. On suppose un monde. Le jour comprendra.” Comme les fleurs, 7 avril 2018.
Livre pauvre – Six exemplaires numérotés
Site de l’artiste Ursula Caruel : http://www.ursulacaruel.com/
Un monde où chaque jour l’énergie se consume à faire vivre
une lampe ;
Une lampe, probablement magique, puisqu’elle apparait.
Peu importe l’énergie consumée pour faire vivre cette lampe.
Cette lampe serait possible en chaque instant :
Il suffit de la voir, même quand elle n’est pas là,
Il suffit de la savoir même si elle n’apparait pas ;
C’est son autre côté magique.
Cette lampe ne fait rien pour qui l’admire ; son miracle est ailleurs.
La lune pose
Le grand paysage
C’est le grand soir
Chaque soir le ciel
jamais le même et pourtant
le même présent
Je ferme les yeux,
Je ferme les paupières sous le soleil.
L’environnement retrouve sa clarté.
Les cris d’enfants, les joies de pelles, retrouvent leur clarté première.
Les bruits s’entremêlent dans cette clarté joyeuse.
Un instant suffit pour tout perdre,
pour voir le château disparaître.
Mystère enfui, enfoui sous les sables.
Fenêtre entrouverte, le houx luit autrement. Le houx, dans l’entrebâillement de la fenêtre, propage un peu de son éclat dans le houx de la vitre. Ce n’est pas le même houx, dirait-on, qu’autrefois. De même il en va des troènes, dans la fenêtre entrouverte, dont les branches bougent derrière celles du houx, lentement. Si le vent était langage, réussirait-il à mouvoir ces lettres? Fenêtre entrouverte, chair du monde.
Le bourdon se pare
d’une robe délicate
fleur de sauge
Être vieux, c’est être moins souple,
Plus d’accès.
La lune est cachée par le parasol.
C’est la même nuit, le mystère en moins.
Être vieux, c’est attendre dans un paysage qui sert de décor
Sans horizon, ni trompe-l’oeil,
Et ordonner ses affaires
dans l’attente d’un grand voyage
où tout restera à quai.
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