Littérature, écriture

Auteur/autrice : rd (Page 40 of 53)

28.01.2019

Le tabouret n’a pas changé de place
À moins qu’une autre personne s’en soit saisie
Pour le remettre au même endroit.
L’endroit n’est pas fait pour s’asseoir,
mais l’endroit est un peu plus loin du passage.
En ouvrant un livre, à cette place, le lecteur ferait l’expérience 
d’une ligne  qui sépare le lecteur du dehors,
– Et peut-être le lecteur éprouverait-il ce dehors ? –
Cependant qu’en levant les yeux, il verrait un point sur la vitre 
qui lui rappellerait l’existence même de la vitre 
dans laquelle le monde est écrit qu’il est écrit.

21.01.2019

Certaines fois, l’envie subite et subie me prend de disparaitre. Non pas me cacher, mais disparaître. J’éteins la lumière, je ferme la fenêtre, et je me mets sous la couette. Bon dieu, quelle drôle de vie ! Mais je ne disparais pas. En même temps, si je disparaissais, qui donc éprouverait ce besoin ? D’ailleurs est-ce peut-être un dieu subtil, une muse maligne, qui m’ordonne, au milieu de ma journée, d’éprouver cet état ? pensant trouver en moi un hôte suffisamment généreux et intrépide pour l’accueillir ? Et chaque fois qu’une telle adversité se manifeste, ma seule envie est de disparaître. Je me lève de mon bureau, j’éteins la lumière, je ferme la fenêtre, puis je tire ma couette espérant mon lit comme dans une valise à double fond.

19.01.2019

Bon dieu, les représentations nous collent à la peau, collent aux murs. Dehors, c’est pas si méchant. Mais dedans, c’est étriqué. Pourtant il y a de la place partout, partout autour, autour des jambes. Et, si c’était elle ? Je n’ai pas vu son regard, ni ses yeux. Les gens entrent et sortent des rames. Elle s’est assise à côté de moi et de mon fils, sur le quai. Nous restons sur le quai. D’où viennent ces drôles d’intuition qui traversent les murs, creusent les corps, crèvent les coeurs ? Seulement voilà, je suis entre le dehors et le dedans. Nous allons rentrer. Il fait chaud dehors (moins 1° C). Nous allons rentrer en ramenant quelque chose du dehors ; du moins laisserait-on une lucarne près du coeur.

14.01.2019

L’oeil est une paupière. J’ai plaisir à l’ouvrir quand je sors. Dieu, que c’est grand ! Le reste du temps, je vaque aux occupations de la pièce : ordonner, ranger, faire en sorte que les objets répondent au confort. Au confort, au grand fort. Mais une fois dehors, la pièce est loin. J’ai souvenir de vagues échos. Ici reste ici. Ici reste loin de la pièce et des environs. Il serait drôle de savoir où nous marchons, quand d’autres nous situent toujours ici, dans ce même décor. Si le diable se cache en chaque détail du monde sensible, visible, intelligible, sa farce reste flagrante. Après tout, qu’ici soit ici ou là, quelle importance ? Ici là ou ici ici restent plaisants. Ici ici est fort joyeux je trouve, ça n’empêche pas de s’interroger sur ici là, et de nommer cet ici là, absolument magique, n’est-ce pas ? Dieu, quel vertige ! je dois m’asseoir sur un banc. Je dois rentrer chez moi. Je dois fermer la paupière et ordonner la maison.   

Poème, les fleurs

Les fleurs, ça ne dit rien
Ça ne dit rien des fleurs qui m’ont fait dire « les fleurs »
Les fleurs
Elles sont de toutes les couleurs,
mais ça ne dit rien de leur couleur
Ce n’est pas tout à fait vrai :
elles sont dans les tons pastels
Quel est leur nom déjà, à quoi ressemblent-elles ?
Tout ceci ne dit rien des fleurs qui m’ont fait dire « les fleurs »
et qui font que je les regarde encore ;
et tout ceci de dit rien du vent qui fait bouger leurs pétales
et leur tige.
Tout ceci ne dit rien des fleurs que je regarde
Qui donc les a aimées ?
Qui donc les a plantées ?
Combien sont-elles au mètre carré ?
oh, c’est un grand mètre carré
au moins ça par ça que j’aurai étiré ;
Que n’ai-je point fait au coeur de l’hiver
de venir me substanter, comme d’autres de votre nectar,
moi de votre beauté.

09.01

28.12.2018

Il y a peut-être, toujours, ce désir renouvelé
de voir les choses 
des prisons
nous nous infligeons des prisons, 
certains se les infligent avec un grand jardin, d’autres avec un espace minuscule, 
nous allons d’une prison à l’autre, en attendant la délivrance ,
si ça se trouve, nous pourrions nous retrouver circonscrits à un point 
après la mort, 
ou, enfermés dans le rien, 
ce qui serait le comble de l’ironie.

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