Littérature, écriture

Auteur/autrice : rd (Page 38 of 53)

21.04.2019

se libérer des dernières peurs
la peur est comme un poste-frontière, un douanier, une guérite 
une illusion de flamme plus qu’une allumette, beaucoup plus que la lumière que nous connaissons,
mais qui par son illusion de flamme devient flamme, vous brûle les doigts (On se souvient de la douleur)
se libérer des dernières peurs 
la vie n’est pas cette grille cochée dans la fenêtre, au feutre noir, qui finit par obstruer le passage de la lumière, du jour
jusqu’au mouvement :  si le corps devient une allumette (le risque est grand). 
se libérer des dernières peurs
objectivement tu as tout : Un corps, de l’eau, un coeur 
il suffit d’oser batifoler dans la lumière – loin des tableaux, des représentations –
là où l’obscurité est la plus grande
ici, que pourrait-il t’arriver

14.04.2019

Monde déjà su.
Monde déjà vu. Ou peu.
Monde familier malgré le néant qui sépare ce monde
de mes yeux de mon corps de mes mains.
Monde-présent passant comme une promesse d’avenir
Comme un chez-soi malgré les limites qui me séparent de sa présence.
Ce monde est-il peut-être à l’image de mon être ? Lui qui défile dans la fenêtre
au moment où le tunnel le ferme sous mes paupières.
C’est peut-être allé loin (loin en spéculation). Et pourtant ce monde est bien là
Ce monde familier dont je suis aussi le dépositaire par la présence de mes mains, de mon corps de mes yeux.

09.04.2019

Que faire de cette durée, dont nous sommes les passagers 
Au-dessus les flots, au-delà les mers.
Le corps gagne enfin la surface des rêves.
Et qui contemple cette liberté ? 
Cette durée contenue dans le mot-clé : cette durée
Cette durée où l’éternité est un point (franchi)
Cette durée qui passe outre,
Qui se souviendra de la clé ?

23.03.2019

Torches vives, les forsythias alignés sur le boulevard Saint-Marcel
sont les torches du printemps.
Lorsque la lune brillera dans le ciel, 
parmi les galaxies de fleurs des orangers du Mexique, il sera temps de rallumer les étoiles. 
Les corètes du Japon, sur le boulevard Saint-Marcel, exhibent leurs louis d’or devant les promeneurs,  
tandis que le cerisier daigne jeter un pétale à mes pieds.
Diantre, quelle richesse ! 
Le houx garde jalousement ses baies. 
Parmi les jolies passantes, les tulipes rivalisent avec leur robe, plus légère, 
Le boulevard Saint-Marcel offre aussi aux travailleurs du ciel des auberges de saison : Myosotis, muscaris, véroniques, etc.
Le boulevard Saint-Marcel offre plus de richesse qu’une année de labeur ne pourrait contenir 
O hommes, ô nues mains, courez vite sur le boulevard Saint-Marcel planter des lampadaires jusqu’au loin, qui éclaireront les richesses à venir.  

24.03.2019

Le cerisier en fleurs, du cimetière, répand ses pétales, en tout sens 
Le même cerisier que je retrouve chaque année ;
J’ai l’impression de fleurir quand je te vois, quand je reste près de toi, 
Il est doux de voir les pétales se former, tomber, 
tomber, aller, quel miracle, avec indolence,  dans le ciel,
parmi le ballet des pies, les pirouettes langagières du merle,
ou le furtif pigeon ramier, dans son battement d’ailes, 
ou le passereau, au contact de ton écorce, noir aveugle, rugueuse ;
Fleurir, encore et encore, tandis que la vie passe, 
légèreté dans un monde léger,
plus léger que la mort, recouvrir les tombes ;
Le cerisier respire.

23.03.2019

La vie, cette somme ballante ; tous jetés au milieu de la toile, malgré nous ; parmi ses fils, ses noeuds. Parfois, une chaise s’effondre, une figure se gomme, mais le piano continue son morceau, corps penchés, à gauche, corps penchés à droite, et l’archet qui joue, joue contre joue, la suite. Qui croirait que le temps efface les plus faibles, les plus vieux, les plus malades, les plus mourants, mais la vie n’est pas un carnet de commandes. Les lettres restent, pour jouer d’autres récits. Et la toile se refait, fils d’or. Et la toile se refait, rires et sauts. Et la toile se refait.

18.03.2019

Monde vide, rempli de briques de mondes vides, disposées l’une près l’autre ; de versant en versant. Qu’il est doux de regarder un monde vide, rempli de briques de mondes vides. C’est rassurant. C’est apaisant pour chacun de nous qui vivons dans une brique de monde vide de regarder le monde vide depuis notre brique de monde vide ; comme cela crée la distance nécessaire, le confort absolu. La qualité d’une brique de monde vide s’observe à la qualité de ses contours, et à la qualité de l’espace non vide qu’elle soumet. Qu’il est doux le soir de rentrer dans sa brique de monde vide, d’ouvrir la brique de monde vide, remplie de mondes vides, et de se rafraîchir d’une brique remplie de monde vide. Et de s’endormir. Et de s’endormir jusqu’à ne plus dormir pour de bon. 

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