Je pars toujours quelque part
Rien n’y fait
C’est le premier réflexe quand on lâche prise du moins chez moi, du moins maintenant
Ah que le maintenant devrait être une simple vague, vaguelette, vague
Son mouvement suffirait
Il y a le flux des usagers, on dirait des poissons dans le courant
Et si je suis immobile c’est que j’attends le train
Ah ça y est vite vite voiture 25
Mais aujourd’hui je pars pour moi,
Pour un moi tendre ;
Un frisson parcourt l’échine ; sur les vieils rails
Le chef de bord est heureux de se couler dans sa voix. On dirait qu’il a attendu ce moment-ci jusqu’à ce jour ; comme le plongeur qui met sa combinaison. Le quartier de La Défense se dessine dans la brume.
Puis le vert.
La ligne ondule.
À qui s’adresse-t-on ? Aux arbres ? À l’élégant sapin ? À la fumeuse de joint en contrebas ?
Pourquoi la pensée silencieuse ferait-elle trace ?
Les maisons de briques rouges apparaissent
« Intermarché » : n’est-il pas une parole qui se veut rassurante ?
Le ter grince beaucoup trop.
Je m’imagine dans un lit, avec la passagère assise à côté de moi, lisant certainement les nouvelles sur son téléphone (à sa manière consciencieuse de bouger lentement l’index sur l’écran)
Je l’imaginais à côté de moi, m’enserrant le visage dans une main ; à l’écouter me dire des mots d’amour.
Nous pourrions faire la paire, me dis-je. Mais la vue de ses chaussures, des mocassins de velours à boucle, inocule un doute.
L’équilibre paysager, fait de vertes collines, de franges et de haies, boisées, d’herbes grasses et de cours d’eaux, joue à présent ( sauf quand ) ( sauf quand l’homme y visse ses lotissements).
Les goélands culminent
Maison à colombages
Et si une pensée la traverse, ce n’est pas grave.
Au port : Le rire des mouettes et le pauvre Saint-Père sur la croix. Et les pâquerettes à ses pieds.
Et Dieu dans tout ça ? Sous la jetée.