Je suis dans le train OUIGO n°7875 de 11h16, au départ de la gare de Lyon et à destination de la gare de Valence TGV. La voix du conducteur indique que le train est complet. Le wagon est organisé en dix rangées de trois sièges contigus séparés d’un quatrième par le couloir ; avec au centre de la rame bondée six sièges qui se font face. J’ai la chance de disposer d’un siège isolé et, sur ma tablette, j’ai posé Le Vieil Homme et la Mer. Mamie qui s’est assise près de moi donne le menu Mac Donald à ses deux petits-enfants. J’ai l’odeur. Ça fait trois. Il fait chaud. Je lève les yeux. Tous les sièges sont bleu rose, bleu moche. Je relève les yeux. Je me rends compte être nulle part. Mais, rien à faire, tout le bruit me ramène ici. L’enfant suçote le plastique de sa gourde rouge à l’effigie d’un superhéros. Le paysage me renvoie à cette esthétique archisue de champs ensemencés, tantôt brûlés, pour certains nus. Le volume a beau être bas, à deux sièges du mien, j’entends le son du dessin animé autant que l’enfant qui tient l’écran devant ses yeux. Je demande à la mamie poliment de baisser le son. Elle me dit que j’ai l’ouïe sensible. Je me lève. Je sors. Je m’installe dans l’escalier. À présent, je vois le ciel. Le ciel dans la lucarne du train. Mais c’est un grand ciel. Les nuages passent. Les nuages filent. La ligne du ciel rejoint bientôt la mer. Je suis sur l’océan avec le vieil homme et son poisson mirifique.