Que faire ? Quoi faire ? Que faire de ce lieu : est-ce même la bonne question ? Quoi faire. On y retourne comme un vieux paysage. Comme un lieu non oublié, le même ? Des décennies plus tard. Le même. Pourtant, il s’agit d’un simple quai de métro. L’un de ces vieux quais de métro que l’on empreinte chaque jour. Mais celui-ci est différent, celui-ci est spécial. Il me replonge dans ma nouvelle Bal de viande. Ou pour être exact, dans l’écriture de cette nouvelle, des décennies avant. J’ai laissé passer le métro. Mais à présent, je peux voir le même lieu, en ouvrant les yeux. Autrefois il me fallait fermer les paupières pour voir. Je suis assis ici, au milieu du même lieu. Étrangement, la temporalité de ce lieu échappe à toute considération, bien que l’éternité s’y loge avec la même facilité que mon fessier dans le siège curviligne. Et je me retrouve assis au même endroit, au même lieu, dans cette énergie de débauche pour former la ligne, la chaîne d’or. Chaque mot comme le maillon d’une chaîne, ajustée. J’ai laissé passer le métro. Le suivant arrive dans 10 minutes. Je suis deux décennies avant. Et nous communiquons. Je veux dire cet autre sait que je communique avec lui, à cet instant, comme ces autres fois où je suis déjà sur mon lit de mort, et qu’il m’arrive de me sourire — rétrospectivement.