Raphaël Dormoy

Littérature, écriture

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07.06.2023

La Lumière rassure. Mais la chaleur ? 
Encore une étincelle, encore une braise. 
(Je me rapproche d’Elle.) 
Autrefois la page était la condition suffisante et nécessaire. 
Aujourd’hui les bouts de mots, parmi les étoiles, suffisent. 
Tu es resté fidèle. 
On connait la chanson. 
Lumière,
Qui serions-nous sans elle ? 

 

31.05.2023

Je n’ai personne avec qui parler. Alors à qui écrirai-je ? La nature a-t-elle besoin de parler ? Les bancs bougent-ils ? Et Dieu sait que cette nature dans son équilibre semble vivante. La nature ne me parle-t-elle pas, d’un ton aimable, avec son vent doux ; léger sur la peau. Et plus loin plus haut le bruissement des feuilles des peupliers. Je n’ai personne à qui parler. À qui écris-je ? Écrit-on à quelqu’un ? N’est-ce point une fonction vitale : écrire, comme respirer : comme l’arbre respire. Ou est-ce le simple balancement de l’aulne, et l’écriture comme le mouvement du vent sur les feuilles.

 

07.05.2023

Attendre, toujours Attendre. Attendre quoi ? En vérité, il n’est pas d’attente. Car l’attente c’est le possible qui s’ouvre, qui s’irise se réalise sous les yeux. Ce n’est pas l’oeil au chien bleu, mais presque. C’est ce qui libère du poids : une odeur de près dans la narine fumante. Un endroit qui place le merveilleux comme décor, et là faites varier le décor comme bon vous plait ; donnez-lui un goût de merveilleux, de néant, de poème, d’éternité, ou de mystère, il ne s’agit là que du décor. Il ne s’agit pas là non plus des boutons d’or par milliers quand on ouvre les yeux vers le bas, dans la ville sans âge. Mais bien d’un appel au temps présent, qui porte des futurs en bouquet, dans son écrin, comme les fleurs du marchand un jour de marché. 

 

01.05.2023

Apprendre à vivre ici. Cet ici alourdit le corps, alentit la marche. L’amour rend léger. Cet ici rend au regard sa dimension première, hors des hommes ; tout est facile. Il y a dans l’oeil ce rapport tendre à ces choses faites pour l’égayer : la chélidoine en fleurs, la boite jaune du postier. Une telle abondance suffirait. Une telle abondance suffirait à vous dire Riche. Voilà, nous vivons ici. Il faut accepter le sort comme le navigateur la mer. C’est le seul poids à porter.

 

06.05.2023

Retour en pleine conscience
Pleine conscience, disent-ils
Ne pas donner trop de poids aux efforts quotidiens pour faire adhérer une réalité sensible aux objets familiers 
La présence de langues étrangères dans la rame du métro, le mélange des genres, invitent à faire l’effort d’un  relâchement,
Langue, algues, le corps se détache.
On se croirait sur la lune, dans la capsule (double combinaison), 
Le corps se détache.
Il resterait un sourire, on le croirait vieux de cent siècles.
Les spéculations iraient bon train.

 

30.04.2023

Eh oui.
Ici même.
Le pas lent, ou le lent pas
Allumé bien sûr
Mais pas plus que le merle qui chante.
Mais pas le merle de la pensée
Ni le lent pas pas là, 
O langage traitre.
C’est ici.
J’entre dans le centre commercial. 
Vite vite vite, J’en profite, dit une promotion 
Je sors du centre commercial.
Je traverse la rue Bobillot, puis la rue du Père Guérin.
Je remonte les pavés de la rue Gérard.
« C’est l’ici, dit l’ailleurs »
Et moi qui ne sais rien d’une fleur de glycine.

30.04.2023

Être au cœur
Il n’est pas rouge, mais vert
Vers ici au cœur.
Dans l’allée, des nuées de moucherons indisposent le passant 
Cela fait deux décennies que j’écris et : Il y a de la vie partout partout Partout
Le geai des chênes furtif se pose près du banc
Je le suis du regard de feuille en feuille, parmi les mésanges festonnant dans la nuée des branches 
À écouter de loin de près, à décentrer l’attention, l’homme est une petite part.
Une grive musicienne s’est mise à chanter;  ou je l’écoute ou j’écoute 
Nous sommes une petite part de la grande part.

 

30.04.2023

Expérimenter la langue pour
mieux voir, mieux entendre.
Expérimenter, exprimer.
Quémander aux dieux comme le sansonnet la miette
et l’humain un chant neuf, recommencé.
Quitter, quitter, mais quitter quoi ?
Quitter pour mieux deviner la forme du reflet.
Sur l’avenue des Gobelins, la voiture du cirque Zavatta passe au ralenti, et nous informe du spectacle qui vient, avant le défilé du 1er mai, après les feux d’artifices des financiers.
Les moucherons ont leur nuée.
Ici, tout est tracé.
Apprendre à voir comme le chien sent,
Peut-être est-ce le chemin de la rédemption,
la mie, la mie tendre, mais lui à cet instant veut la croute,
la racine qui ouvre le ciel.

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