Finalement, je n’ai plus besoin d’aller nulle part
Je suis nulle part
Non dans le chemin tracé des jours
Mais dans l’interstice, quand le segment temporel manque à l’appel
Et qu’il n’est rien d’autre à faire, que d’attendre 
Au bord d’une gare, que d’attendre et voir :
Et là : – il n’est rien. Cet instant rappelle d’autres instants,
Un autre lieu, une autre gare
Un ruisseau devant lequel je restais assis tout le jour,
Puis l’asphalte à cette heure presque désert devient ce ruisseau que j’entends
couler nettement
Et mes yeux ébahis contemplent l’espace – pauvre
avec son minuscule bistrot, sa seule voiture arrêtée,
et les passants passant dont une est perdue, mais par dessus tout
Mes yeux contemplent la liberté
(ou l’espace la sienne.)
C’est bien moi ici, c’est bien le privilège du même lieu.
Un lieu où tout est possible,
mais où le possible est retranché de l’action.
Que faire ? Rien. Savourer, sourire, s’inviter s’inventer
Mais déjà, on me klaxonne.