Et si l’homme écrivait. Se tenant. Penché. Au bord. La difficulté serait De. Double. Tenir le fils. Mais. Rire. Il serait facile de se tenir à distance. Mieux, d’idéaliser l’instant d’une peinture figurative Chassant ici là le vent mauvais des métaphores. Mais. Ce serait. (La chute) (Il faudrait) (Entendre la ligne). Ce serait. Ainsi resté. Entre le S et le T. Sentir. Tenir. Et si rester Était la clé. Faire grandir Ce qui. Justement Ce qui. Ben tiens nous voilà Embêtés. Faire gonfler le banc. Pour l’image par exemple. Le banc gonfle. Le Blanc gonfe. Le banc gonfle. Le blanc gonfe Onfle c’est dur Bref. Souffer gonfler Souffler gonfer. Ce n’est pas du diverstissement. C’est tout à Refaire. Nous y sommes. Se tenir. Près. Prêt. Faire fleur ? Expulser. Non, mince. Faire entrer ? Faire quoi ? (évidemment grenouille) Avec qui ? Se tenir près. Mais alors (bien fière liaison) Le mésalor. Le mésalor arc tendu. Le Mésalor Pays (ou pas) Pièce d’horloger (d’or logé) Nous y sommes. Balancier. * Tic tac tic tac Nous y sommes. Toujours le Toc toc Eux prennent leur temps : les nuages. Mais alors Mésalor : Rien On serait presque gêné d’avoir fait trace. Alors quoi ? Se taire Complètement. Ne reste plus que la forme. Compléter le silence. Se taire complètement Est-ce ? * Qui parle ? Qui veut parler à qui ? Qui parle à soi ? Qui regarde en effet. Qui est. Je tu il nous vont-il. Qui est là : depuis Toujours. Qui s’interroge. Je est un grand qui. Granki. Qui respire qui voit. Ah, quoi voit qui ! * Se tenir prêt. Comme on vient. Se tenir prêt. Quoi regarde qui. Qui est qui, naturellement. Quoi regarde qui. Quoi est qui. Il y a d’autres quoi autour de quoi, présumé-je. À dire qu’ils sont qui…
Quoi regarde qui. Qui est coi de toute façon. Se tenir prêt. Quoi me regarde. Nous sommes cois.
* Choeur écho ?
Quoi Quoi Quoi Célébration ?
Parfois le langage est comme un soleil fort montrant les ombres
Chœur écho
Dans quel page s’écrit-on nous-mêmes
Homme-sandwich pour la plupart de nous
Célébration des sphères
Quoi intangible vivant vibrant
Qui petit quand même
Qui ici présent, mais quoi d’autres : vivants présents
Quoi Quoi vous parlent
Quoi reste à qui
* Qui Qui
Se tenir prêt
Qui qui
Se tenir près
Bord du tour
Tour du bord,
Se tenir prêt.
Res T, 06.10.24
Catégorie : WiP
L’homme se tient sous la grande passerelle, dans le hall de gare, de la gare de Juvisy, à cet endroit où toutes les voies se rencontrent, communiquent entre elles par le balancier des passants. Les uns sortent, les autres rentrent. Les uns dévalent les escaliers d’un quai pour avaler ceux d’un autre quai. Du 41 au 50… Du 47 au 40… Ce serait la grande maison de la chaussure si ce n’était une gare. Lui se tient toujours, tous les jours ici, dans son bleu de travail, à l’intersection des flux. « Demandez le 20 minutes », dit-il à l’adresse des passants passant par là. Le journal est tendu dans sa main levée. Mais il faut mettre le volume, sortir le son : « Le 20 minuuutes… » Au début, les premières fois qu’on passe, on voit cet homme affronter le flux des voyageurs comme le pêcheur qui se tient impavide dans le courant marin, dans le gros grain. Car il semble que le but premier de cet homme est d’être physiquement là ; d’être visible de tous sans entraver la direction de chacun. « Demandez le 20 minuuutes… » J’imagine qu’il faut une dose certaine de courage pour rester là, là : en son milieu, et dire, mais dire vraiment ou s’adresser au vide. Mais pas plus de courage peut-être qu’un écrivain dans sa cuisine, assis à sa table de travail. « Le 20 minuuutes… » Au début ainsi, comme la première goutte d’un bloc, d’un bloc de glace, qui n’est pas prêt à fondre, mais s’y prépare, c’est la même indifférence qui se réfléchit sur lui. « Le 20 minuuutes… » Comment lui le crieur placé au milieu de la foule ressent-il le temps qui passe ? Compte-t-il, pour se divertir, le nombre d’occurrences criées ? Le nombre d’exemplaires distribués ? S’amuse-t-il à augmenter le temps qui passe de la somme des « 20 minutes » donnés ? À raison de dix-sept journaux distribués à autant de mains en moins de 5 minutes, cela vous augmente des trois cent quarante minutes offertes aux passants, dans un temps inférieur à l’unité même de son point de mesure. Se fixe-t-il dans l’éternité, et déclame-t-il comme l’oiseau sa partition, comme le comédien une intention ? N’est-il pas lui — le crieur, le maître du temps ? ouvrant la foule comme une lame le ventre du poisson, la séparant comme le rocher les eaux ? N’est-il pas un dieu en sa toute-puissance ?
Le crieur, gare de Juvisy, 9 fév. 2024
Les trous sont gigantesques. Fermer les yeux permet-il de les éviter ? Ce sont des trous noirs. Finalement, tout est calme. L’agitation quotidienne ne permet pas de les constater. On tombe dedans. On vit dans le trou comme on dit. Les bancs, les bancs publics sont en bordure, mais les pieds sont dedans. Le soir dans mon lit, dos au mur, je me tiens debout. Avec l’espoir de ne pas tomber. Le matin, je me redresse je ramasse mes affaires. Je me presse. Il n’y a pas de lumière au fond du tunnel. C’est juste un trou. Lever les yeux permet-il de le constater ? L’arrêt, les microcoupures, sont une façon de survie, et les grandes brasses forment une parenthèse. Mais le froid finit par vous ressaisir, et la racine des problèmes, ce chiendent qui n’en finit pas reste. Les microcoupures sont une forme de résistance. Mises bout à bout, elles sont une seconde à soi, comme une bulle dans l’eau claire, que le trou n’a pas. La suspension n’est pas l’arrêt. La suspension est illusoire, mais elle soulage le corps de la pression exercée par le trou. Elle est ce rebord de fenêtre sur laquelle poser sa joue. On se réveille avec la marque. L’effet d’attraction du trou est tel que les chaussures vont de trous en trous, dans tous les trous. L’enfance semblait nous préserver, dis-tu ? Mais vue d’ici, dans le trou, l’enfance est une idée. Qu’est-ce qu’une tomate pour quelqu’un qui ne l’a pas goûtée ? Et à y regarder de près, avec la dent, avec les langues, l’enfance est à naître. Un trou. Trois trous. Il est difficile de les compter. On omet le second. Et le monde manque à l’appel. Creuser le trou un peu plus. Approfondir les tunnels. Mais après ? Et après. Et. Vous dîtes. Vous dites que l’amour nous sauve. Petite lumière de. Si ça vous chante. Mais l’univers est immense. Et les ténèbres consolent. Elles sont plus grandes que le trou. Me consolent et m’apaisent. Dans les ténèbres, le trou ne pèse rien et la lumière est intacte. La lumière de l’amour, dis-tu ? Mais c’est une flamme solitaire. (Nous avons la même.) Creuser la vie. Allons donc, passer à côté, il vaudrait mieux ! Avec des tasseaux de bois, dans les bras, en guise d’ailes. Et l’art de contourner. Sautez sur le point, remonter la ligne, faire une rotation, et au trois-quarts du tour du trou, sautez volez, battez des pieds, toucher un nouveau point. Avec grâce. Le corps, ce trou normand pour les vers : fuyez tant qu’il est temps. Mais en même temps, un monde sans trou serait un cadavre sans tête. Peau de serpent, sans langage ni raison. Dieu, traduire « certains d’entre eux », traduire « les hommes », ont tous un siège dans le trou, fait de trou, de la matière du trou, invisible pour les uns, confortable pour tous. Ça s’entend, quand on fait varier la fréquence. Ça s’entend, dans tous les trous. Et dehors, vous le savez, dehors la marge n’est jamais loin. Parfois le trou finit par prendre le dessus, vous manger le dedans, le dedans du corps ; est en partie traversé. Vous le constatez. Vous êtes impuissant. Vous avez un trou. Qu’iriez-vous cultiver dedans cette partie creuse ? Des myosotis ? La véritable conquête serait que le rouge-gorge habite votre trou. Si telle est la victoire, vous en seriez absente. Mais l’écho de votre nom sonnerait quand même comme un petit caillou.
02.03.22
il y avait toujours la croyance l’espoir que quelque chose surviendrait. Les plus téméraires s’agitaient encore. Les autres reproduisaient le même sourire, le même souvenir. C’était toujours une gesticulation spontanée, qui provoquait une étincelle, puis le corps retombait derrière le verre. Les autres avaient le même succès, avec leur sourire, mais force est de constater qu’ils étaient eux aussi à la merci de cet espace étriqué, à travers lequel nulle lumière ne passait. Beaucoup d’entre eux renonçaient, et décidaient de se reproduire ici, de fonder un petit foyer, avant que la mort ne les fasse disparaître. Les autres restaient là, en attendant. En attendant quoi ? Il y avait toujours une espérance secrète. Faire un feu avec ces morceaux de bois. Utiliser ces deux morceaux de bois pour faire de la musique. Gravir les échelons. Mais on allait jamais très haut, et c’était souvent juste pour la photo. Le verre avait une sacrée épaisseur, et par conséquent il rendait le moindre monde peu lisible. Et pourquoi aller si loin. C’était là le grand paradoxe des uns. Et le renoncement des autres. Grand paradoxe pour les uns puisque leur espérance dépassait la circonscription, en même temps ne rêvaient-ils pas de se circonscrire ? La jeunesse est une croissance tout en longueur, mais ensuite il vous faut composer avec le poids des années, le poids de toutes ces branches. Alors allez plus haut allez plus loin n’est pas si aisé, n’est pas si spontané. Déplacer plus de matière vous coûte en énergie. Le monde n’est plus si vaste que ça. Comment les gens font-ils ?Comment les gens font-ils, d’un point de vue mécanique. D’un point de vue strictement physique. Les convictions sont peut-être le bois dur de leur prise de poids et d’espace, en deçà desquelles le sujet pourrait être parfaitement mou de l’intérieur. C’est pourquoi, qui renoncerait à ses convictions ? À sa place chèrement acquise ? Alors vous comprendrez la fixité des positions, même pour le chancre le plus infâme : agile mais parfaitement souple si bien qu’aucune semelle ne puisse l’écraser ; ou bien rustre et parfaitement immobile si bien qu’aucune masse ne pourrait l’altérer. Pourquoi aller voir plus loin ? Plus haut certes, mais plus loin ? Il faut croire que certains sont plus dépourvus de mobilités que d’autres, je veux dire techniquement parlant. Qui viendrait prendre soin d’eux ? Et par conséquent ceux-là qui ne peuvent s’inventer des ailes, ceux-là qui ne peuvent s’inventer un horizon vertical, ceux-là qui ne peuvent défier les lois de la physique et de l’aventure, sont obligés de s’inventer de nouvelles formes, s’ils veulent voir du pays… Santé
28.07.2021
Le chant de l’oiyeau
Manger les mots manger le monde
Manger les mots manger le monde
Manger les nuages la terre le soleil les vivants les nages la terre le soleil
l’horizon lon le l’ion le zion rizon mais
Cracher l’oy du s’leil.
Manger macher manger macher
Acher le s’leil les vivants, hacher achat, cheter chever mais où la mets-je l’image maintenant que l’écran fond avec la la neige et le spectacle.
Ondes vertes Ondes vertes Tout va bien !
La peau du poulet cuit, croustèle, et soyons digne de la colère cet autre croq !
La peau croustile, croq et cocorico ne te blesse,
Tout doux le gentil croq : Alors trou va bien.
Macher le mur macher les terres, jou ! et construire des routes et des tours, des routes et des tours, partout partouze de lumière,
et des trous truelles et truies ruelles, des ports et des portes sur nos têtes
pour se cacher du noy de s’leil et de la lune.
Et chacun dans sa tour Et chacun dans sa noue
Et chacun panse Manger mâcher ce qui reste la terre la traire la taire jusqu’à ce que ce qu’il reste c’est le bout de ses doigts de ses droits de ses ongles de ses onges, à cracher le bout de son aile puis c’est l’appeau puis c’est les eaux toutes les os contaminés à les pisser prisser par l’urètre.
Puis il reste quelques pensées parmi les ris parmi les par milliers
parmi les iens parmi les ni parmi les os parmi les ailes parmi les nids, il reste – “Oh”
Mais comment les sembler ?
Ce n’est pas comme la route ou la tour ou le trou où il suffit de truire et de struire
De sangler les mules et de les sembler de formules
De struire et de truire de machiner de Chine et de strousser le monde
Non ce ne sont pas non plus les streumons de ces tiquescientis qui stroquent l’alphabet pour faire des champs des chias des chameaux à tête de chats
et des hommes à tête de porc, ce n’est pas si simple l’amour
Ce n’est pas cracher l’oy du s’leil dans l’mur.
Alors quoi Alors quoi puisque tout est là et puisque plus rien est
Zyeuter le croq et l’aplumir ? faire croi chaque fois que l’autre croq fait sens
ou sucer le roulet du bourlet pour lui faire compagnie ?
N’est-il pas d’autres ien iens pour se faire une chaise avec ou sans trou mais tour honorable ?
Ah
Pour perdre tout espoir il eût fallu manger l’oy du s’leil jusqu’au dernier ieu de la terre
Mais il reste l’oy
Il reste l’oy et le chant d’un oiyeau.
Les zombis regardent le monde derrière leurs yeux vitreux, sans rien voir du monde. Il voit le monde à travers ses yeux et se raccroche à la praxis, faute de quoi il ne survivrait pas. Le zombi marche non sans but, mais vers son futur ; le futur qui rassoit sa position, sans quoi la chaise tomberait et son corps. L’objet le reflète. L’objet reflète son corps d’habitudes. Il prend l’objet dans ses mains, se contemple, sourit. Le zombi est satisfait de ce contact. Mettez un zombi devant un arbre. Demandez-lui de caresser l’arbre, de prendre l’arbre dans ses bras, il ne comprendrait pas. Il ne comprend pas. Il tourne la tête vers vous et ne comprend pas. Puisqu’un arbre n’est qu’un arbre. Il ne comprend pas et vous regarde. Le zombi n’a pas de compréhension de la mort, et n’a pas de compréhension de la vie. La mort est une absence. Et hors du corps d’habitude, la vie l’est tout autant. Parfois le zombi, avec ses moyens, s’invente une parure, comme celle d’un bison, et vous lance un sourire. Mais ça ne suffit pas à le rendre humain. Si le zombi marchait sans but, il errerait, du verbe « errer » et non de l’onomatopée rererere, jusqu’à trouver un point d’appui, une coupelle pour y boire n’importe quoi, mais une coupelle qui reflète ses lèvres, qu’elles soient là devant lui ; et que son visage soit bien là entre ses mains, et ses mains bien là sur son visage, et que des pieds soient bien à leur place dans des chaussures, avec les lacets bien faits, et le petit écran allumé dans le salon, et le salon bien dans la maison ; alors j’ai tout, dit le zombi repu qui peut enfin s’asseoir. Et la montre au poignet qu’il tourne pour regarder l’heure.
Il aurait fallu vendre la fleur avant son éclosion. A présent, elle est esquintée. Mal vendue, mal placée, diront les uns. Manque de pot. Mais d’ailleurs vend-on la beauté ? Vend-on la pitié ? Pour quelle obscure raison achèterait-on une fleur pourrie ? La dernière fois que je traversais le lieu de report et de repos des morts, je découvris dans l’une des poubelles des géraniums encore fleuris par quelques bouts vigoureux. Ils étaient en nombre dans la grosse poubelle et j’en prie une poignée. A-t-on besoin d’acheter la beauté ? Je les plantais dans mon jardin. Ce sont des fières bêtes à présent, au poil soyeux, à la robe délicate qui traversent l’hiver comme des chiens de traîneaux. Braves bêtes.
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