Raphaël Dormoy

Littérature, écriture

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31.03.2022

Jour après jour, il s’étend une ombre sur les pages. Des figures de loup ou de renard. Mordantes assoiffées Trépignantes d’inconnu Et le soleil noir se lève.
Autour, le monde a revêtu sa fixité.
Est-ce pour ne pas déranger les morts ?
Il y a tellement de portes aujourd’hui qu’on ne sait plus laquelle fermer, laquelle ouvrir.
Les morts sont loin, les vivants aussi.

 

28.03.2022

Où va-t-on
L’espace du train m’indique le haut lieu d’une destination vide,
Alourdi par la fixité des problèmes
comme seul point d’horizon 
Comme si la branche était cassée, tenait dans ma main.
Destination vide : joueuse et joyeuse, heureuse.
Dehors, le décor de carton-pâte m’effraie un peu
Mais à vrai dire il ne dit rien, lui non plus ;
Et la nature où se cacher.
Le merle lui ne se cache pas, sauf dans son chant.

 

26.03.2022

Elle est passée, la floraison du cerisier
Mais il reste
Un deux, trois pétales
Une poignée de jours que le vent emporte ;
Et le discret zinzulement d’une mésange.
Je suis venu trop tard, ou mon temps est-il fait.
Corneille hilare.
Les années ont donné une écorce puissante
Au tronc du cerisier
Et ses racines vont puiser dans la bouche d’un mort.

 

04.03.2022

Chaque homme est dans son monde.

Chaque homme est dans son monde
Chaque voiture est un monde
Chaque voiture : un petit monde
au ralenti. Sur la route, le soleil décline.
De l’autre côté de la route, l’oiseau
l’oiseau est sur sa branche.
L’oiseau est dans son chant.

 

22.03.2022

J’ai épuisé l’espace
C’est cela
L’espace n’a plus de suc, a perdu sa vitalité, toute
Un décor de carton pâte, sans carton sans mystère sans pâte.
Le balayeur qui passait là : aurait perdu sa montre
La nature, plus de nature, nous réconforte ; elle ne dit rien.
Une voix féminine parle à présent dans mon dos
et le soleil couvre le visage des passagers assis dans le RER
Et moi ? et moi ? A quoi ressemblé-je ?
Suis-je même désirable.
Le train va me déposer, à quai, comme tous les jours.
Mais non. Le train est à l’arrêt.

21.03.2022

Je tomberai toujours amoureux des femmes qui lisent
même si les vitres sont sales
Je tomberai certainement amoureux d’une ophtalmologue ou d’une opticienne
puisque c’est elle qui m’a donné la vue
Je tomberai amoureux des femmes qui donnent de la clarté,
Ou sont comme les rayons de soleil, que la main caresse.

 

02.03.2022

Trop su, mais non
Quai de gare inconnu
Inconnu reconnu.
Grand vent de liberté : Montagne soi

Intérieur / extérieur :
Plateau de jeux 
Trois bandes ou la sortie.

 

23.02.2022

Accepter de n’être rien
rien rien dans le néant des jours
Et que seules comptent
ces cordes ;
plus ou mois pourries,
qui nous rattachent à nos racines
même si l’arbre n’est plus.

Accepter de n’être rien
rien rien dans le néant des jours
Et que seuls comptent
ces cordes
les unes pourries les autres vivantes
celles qu’on ne peut couper
Tant elles s’ancrent en notre souvenir
et ces autres inaltérables qui nous attachent à des êtres
même si l’arbre n’est plus.

 

18.01.2022

Parfois la ligne resterait vide, encombrée par des vibrations lointaines
Un éclat de soleil luirait sur l’un de ses rails
L’homme serait, à ce point d’éclat
incarné comme, comme une.

Etre le paysage lui-même
comme en chaque chose,
Comme le paysage lui-même.

 

27.12.2021

Un état où rien n’atteint
où les problèmes restent au-dessus à la surface du monde
et sont
comme les nénuphars et le soleil, des ombres
Un état où les vitraux leurs rondeurs font des coussins
où les secondes sont des flocons d’avoine
Où le temps est arrêté
Ou s’il passe est un sillon doux,
Un temps qui ressemble à la mort
à son antichambre, et à la naissance du jour.

 

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