Parfois juste la page suffit. Son contact de chair ou plus exactement sa présence. RIen ne pourrait être ajouté. Ou peut-être l’évocation de sa présence à l’orée du sommeil. Comme une page ouverte et blanche. On vous pencherait. On vous penserait riche. C’est le signe de la félicité.
Catégorie : Poèmes (Page 9 of 32)
Journal des poèmes
Rendre son temps plus excitant.
Ici, ce sont les (lents) nuages qui passent devant ma fenêtre.
Je cherche ailleurs :
Accompagner (ce matin) mon fils à l’école.
Je cherche encore :
Allumer une (belle) lampe.
Je cherche en plus :
Voici donc – toute ma richesse !
Je ne pourrai vous rendre la monnaie,
mais un ou des rêves.
Je n’ai pas vu le paysage, à présent qu’il me regarde.
Les trois oiseaux m’ont fixé, derrière les lignes du ciel
À présent que je vois la Seine
Cette part de moi-même – sauvage.
Tant de distractions que
l’essentiel viendrait après, après
la bataille ;
À l’instant de la lente allure, qui fixe l’arrivée à quai,
L’arrivée, l’arrêt.
Comment se soulager de ce poids
Sur les paupières sur les épaules
Cette carapace cette maison cette mémoire
Comment s’en dévêtir ?
Est-ce que les cailloux,
La vue d’un enfant allège sitôt le poids;
Aucun souvenir en soi n’a la légèreté, son sourire.
Ce sont des cartes postales, pas plus.
Il faut puiser loin et voir la lumière d’un point
Qui ne dit rien ni ne prend,
Qui protège qui ouvre tout
Comme le sable est sable.
Le monde a baissé son volume
Il subsiste un doux brouhaha
L’ombre et la lumière épousent l’écorce d’un platane
Le banc au milieu de la place
Est plus matériel que les passants assis en terrasse
Les directions se croisent sans jamais se toucher
Quel bouquet de fleurs sortirait de deux cœurs qui se choquent ?
Les tables attendent, peu importe qui s’installe
Chacun a sa chance, chacun peut s’arrêter, et voir.
Il y a un trésor dans chaque paupière,
Mais il faut l’ouvrir, et bien se pencher, pour faire tomber l’or.
C’est une chance de s’aimer
Semer ici et là,
Le bruit quand même autour,
Mais les coquelicots
Et l’ombre des feuilles et donc le chemin
tendre sous le soleil de mai.
La difficulté est le feu aux quatre vents,
Tourments tournant,
Mais se concentrer sur la braise.
Laisser le geôlier se laissait rire sur son anneau ;
Ne pas se laisser effaroucher par la rose,
Dans sa posture altière.
Seule la nuit est altière ; les départs de flammes,
Tu seras flamme à ton tour,
et toute parole nourrirait ton bois.
S’imprégner du paysage
De la mer
Comme un assoiffé sans pain
Sans vin
Et dire J’y étais, ou mieux
J’y suis encore.
Mais comme puis-je dire J’y suis encore
Par quel miracle ?
Le temps emporte le sable,
La mer lacère la roche à coups de langue ;
Et les passants passant là passent
le pied moins arrimé à la terre qu’une patte de goéland.
Alors par quel miracle pourrais-je dire J’y suis encore ;
Par le miracle d’un banc
D’un banc, d’où le ciel peut voir
D’où la mer peut entendre,
et la lumière s’émouvoir,
D’où le miracle peut se contempler en tant que miracle.
Et s’il n’y avait plus rien de tout ça. Si la voix du merle, si le contour de la feuille, si l’atmosphère générale de paix, si l’air que je respire, étaient remplacés par par je ne sais quoi – de factice, de méchant ou de marchand, car quoi je ne suis pas obligé de m’installer dans un endroit payant, car quoi tout ceci m’est accessible, est à moi, où le moi est à tout ça, et peut aller par le jeu du regard, du cœur, d’un lieu à l’autre, d’une branche au tulipier comme l’oiseau ou la pensée légère. Tout ceci qu’ils n’ont pas pris, qu’ils n’ont pas su arracher. Placez-moi en prison. Tout ceci resterait. Il resterait un coeur. Néanmoins que le nôtre fut emporté. Tous ces hommes autour de la margelle qui regardent dans l’eau, ou leur reflet. Mais ceci, ils ne peuvent le prendre. Ni même l’interpréter. Ils sont condamnés à rêver, errer ou regarder. Ils ne peuvent le prendre, ceci qui tient dans le regard.
Commentaires récents