Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 3 of 28)

Journal des poèmes 

16.06.2023

Parfois, nous voudrions être ailleurs
Et nous souhaiterions que le temps passe, nous y porte ;
Que le temps vienne, pour fuir ce temps qui n’en est pas un,
Pour nous rapprocher de cet autre, qui n’est pas.
Sur le quai, dans la fissure qui va du bord du quai jusqu’à mes pieds,
des plantes ont poussé.
Et, tout son long, entre la bordure et l’asphalte, d’autres ont fleuri.
Mais aussi dans le ballast, au bord des rails, aux couleurs ocre et grise.
La voix des haut-parleurs emplit l’air des dysfonctionnements de voie.
Avec un peu d’imagination, les rails qui ondoient pourraient être de longs cheveux d’une femme rousse.
Des moineaux pépient aux heures chaudes du jour.
Le papillon prend ce qu’il peut, où il peut.
Chaque chose chaque être a trouvé sa place, et la tient malgré cet entre-deux.

 

21.05.2023

Finalement la vie où nous conduit-elle 
Léger il faut voyager léger 
D’ailleurs dans voyager il y a léger 
D’ailleurs dans le voyage il y a léger il y a l’ai-je. 
Ce à quoi tu tenais n’est plus, 
Mais ce qui doit être gardé reste, 
La suite est un souvenir :
Je m’occupe que mon fils grandisse 
Et je garde la mesure, l’entrepièce,
Cet endroit particulier ce sillon à rebours qui fait que la chose reste : écrire. 
Il reste les souvenirs 
Il reste celles et ceux qui comptent parmi les tiges du printemps
Le reste doit être lavé, nettoyé.  

 

22.05.2023

À qui parles-tu quand tu ouvre les yeux ? 
Que tais-tu quand tu ouvres l’écluse ? 
A-t-on besoin d’un autre motif que la somme des coquelicots en fleurs ?
Des chardons, du rapistre, de l’erodium ?
Et que vois-tu ? La fleur sa couleur la tige, le lieu de ta propre ignorance ? 
Es-tu le navigateur, la machiniste l’esthète ou le passager ? 
Es-tu le liseron des prés, de tout près, l’abeille la guimauve 
le chant du rossignol, celui de la fauvette, la valse d’un papillon,
d’une demoiselle ?
Es-tu multiple ou l’un seul ? 
Ne marches-tu pas dans un songe ? 
Tu es là où le regard te porte. Tu es cette émotion de matière. 
Tu es ce qui t’entoure que tu ne sais ni reconnaitre ni nommer 
Tu es ce qui te traverse, 
Et, la destination est le chemin lui-même.
Une vie entière ne suffirait pas pour le premier pas. 

 

21.05.2023

Et s’il existait un ordre, un ordre supérieur, ou des ordres, plusieurs, une injonction à voir, entendre au dessus, au-delà de la narration. Oui, mais pour quel alors ? pour quelle narration ? Non pas un artifice : ou alors un procédé qui mettrait en abime l’artifice du langage, je veux dire mettrait en abime l’artifice de la réalité. Mais pour elle, nul besoin d’inventer une langue autre. Il suffit de la faire monter sur le ring et de la détricoter. Allons donc je ne me vais pas m’y rendre à présent. Je l’ai déjà fait. Je vous l’ai déjà montré. Ne faites pas semblant. Ne dites pas Nous n’avons pas vu. Et puis factuellement je suis au cœur du train qui va à pleine vitesse. Je suis installé en sens inverse de la marche et je n’ai que faire de savoir si ce train est une métaphore de la phrase. Croyez bien que je sois ailleurs. S’il existait un ordre dont la phrase découlerait, un ordre supérieur, mais que le principe, que la narration dans son principe premier serait incapable d’ouvrir de toucher, de voir ? Par un impossible. Et par un fait que certains savent, à demi mot, par… vous savez bien, comment nommer ce bougre vous savez lui dont le regard luit quand son œil émerge du reflet comme celui du crapaud à la surface du lac. Celui qui calque tout au point de faire disparaitre, le démon lequel, celui des similitudes. Allons, vous l’avez déjà côtoyé n’est-ce pas une fois. Celui qui fait que nous croyons être là dans l’espace physique et que toucher signifie toucher. Je ne parle pas de langue, mais de ce que le point dans l’œil soit touché par le doigt au moment ou le doigt touche le point dans l’œil. Ouille. J’aimerais vous voir ailleurs, mais nous sommes dans le train un Ouigo 7472. Il est exactement 11 h 47 et le train circule quelque part entre le tronçon Nîmes Paris, ajoute des secondes suffisantes pour être au point. Comme nous sortons du tunnel. Après toutes ces années, après avoir découvert jusqu’à, jusqu’à la porte entre l’ici et, comment la nommer. Porte entrebâillée. Je crois possiblement qu’il existe un ordre qui changerait radicalement ma façon d’écrire et donc ma façon de voir. Ces deux points sont liés n’est-ce pas, au point de devenir signe de ponctuation d’où découle le flux narratif :  Mais aussi, vous le savez, comme le point derrière le point : alors, oui, une manière radicalement nouvelle, loin du style mais un degré zéro de la phrase. Phare et rase campagne.

22.05.2023

La ligne glisse tout est silencieux 
Voilà ta force, 
Tout se renouvèle. 
Habiter la phrase, les rêves d’un autre, 
diffuser des images de l’ampleur, établir un dialogue, changer l’atmosphère pour, 
pour des clopinettes, une clochette, une lumière.   
Mais la plupart du monde, il faut la subir cette phrase, le paragraphe, le chapitre. Et quel corps.  
En tout serre, un mode d’emploi, le fauteuil d’un roi, les chaises autour.
J’ai fait de la barre transversale ;
La plupart du temps des petits moments et des grandes ambitions Mais,
Tout est silencieux ne l’oublie pas 
voilà ta force dans le paysage, ne l’oublie pas.  

07.06.2023

La Lumière rassure. Mais la chaleur ? 
Encore une étincelle, encore une braise. 
(Je me rapproche d’Elle.) 
Autrefois la page était la condition suffisante et nécessaire. 
Aujourd’hui les bouts de mots, parmi les étoiles, suffisent. 
Tu es resté fidèle. 
On connait la chanson. 
Lumière,
Qui serions-nous sans elle ? 

 

31.05.2023

Je n’ai personne avec qui parler. Alors à qui écrirai-je ? La nature a-t-elle besoin de parler ? Les bancs bougent-ils ? Et Dieu sait que cette nature dans son équilibre semble vivante. La nature ne me parle-t-elle pas, d’un ton aimable, avec son vent doux ; léger sur la peau. Et plus loin plus haut le bruissement des feuilles des peupliers. Je n’ai personne à qui parler. À qui écris-je ? Écrit-on à quelqu’un ? N’est-ce point une fonction vitale : écrire, comme respirer : comme l’arbre respire. Ou est-ce le simple balancement de l’aulne, et l’écriture comme le mouvement du vent sur les feuilles.

 

06.05.2023

Retour en pleine conscience
Pleine conscience, disent-ils
Ne pas donner trop de poids aux efforts quotidiens pour faire adhérer une réalité sensible aux objets familiers 
La présence de langues étrangères dans la rame du métro, le mélange des genres, invitent à faire l’effort d’un  relâchement,
Langue, algues, le corps se détache.
On se croirait sur la lune, dans la capsule (double combinaison), 
Le corps se détache.
Il resterait un sourire, on le croirait vieux de cent siècles.
Les spéculations iraient bon train.

 

30.04.2023

Eh oui.
Ici même.
Le pas lent, ou le lent pas
Allumé bien sûr
Mais pas plus que le merle qui chante.
Mais pas le merle de la pensée
Ni le lent pas pas là, 
O langage traitre.
C’est ici.
J’entre dans le centre commercial. 
Vite vite vite, J’en profite, dit une promotion 
Je sors du centre commercial.
Je traverse la rue Bobillot, puis la rue du Père Guérin.
Je remonte les pavés de la rue Gérard.
« C’est l’ici, dit l’ailleurs »
Et moi qui ne sais rien d’une fleur de glycine.

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