Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 21 of 32)

Journal des poèmes 

14.06.2020

Tout va bien.
Est-ce la pointe du silence
sur la mer du rien ?
Peut-on nommer rien ce qui entoure ;
Où le verre n’est ni dehors, ni dedans
Mais posé sur la table.
On pourrait boire, mais le corps désaltéré peut le remplir à nouveau. 
Tout va bien. 
Les mots seraient au pire un glaçon 
quel autre usage, ici et maintenant ?
Les laisser fondre.  

 

06.06.2020

Attention, ouvre l’oeil ! le bon ! 
Ne trouves-tu pas ça bizarre ?
Ce cocker… Et cet arbre ?
Tous font comme si de rien n’était.
Ah ah ah ! Même les arbres ! 
Même les marronniers de l’allée ! 
À moins qu’ils sachent, qu’ils marchent droit, et fassent semblant de ne pas voir,
fassent semblant de diversion ! passants, cyclistes, piétons,
que cette manière d’aller, de marcher, soit un leurre ;
Que chacun voie, mais se taise.    
Ne pas faire plus malin que le pigeon qui picore un grain, 
que la roue qui tourne sur elle-même. Allons donc.
Cette dame, assise sur le banc, fait-elle semblant de lire,
Ou prend-elle la posture de celle qui fait semblant de ne pas lire ?    
Tiens, tiens. Ce chien a l’air fort fatigué. 
L’homme assis sur le banc a ses yeux qui lui tombe dans ses mains.  
Cette femme qui ferme les paupières a-t-elle des yeux qui lui poussent. 
Décélération, le monde à bout portant. 

 

20.05.2020

Qui lirait quoi que ce soit ?
Nous avons besoin de silence d’espace et de temps
Chaque jour le langage emporte son flux au fond du caniveau 
Ça ne suffit pas à laver le silence l’espace et le temps
Nous risquons notre vie pour un verbe
Ni avant ni après
Et toute une vie peut tenir sans que la promesse éclose.

 

13.03.2020

Cesse de marcher comme si quelque chose te poursuivait.
Vois, l’azur autour de toi,
Le ciel bleu sous tes pieds,
Même les nuages. Et tous ces voyageurs qui encombrent ta route,
Ne sont-ils pas des rochers, dont la biquette agile à laquelle tu ressembles,
se joue ?
Allons donc. Ne te presse pas,
Ni d’un fil, ni vers l’autre.
Sois le funambule de l’azur,
Il suffit de mettre un pied devant l’autre. 

08.03.2020

Où sommes-nous ?
J’y suis presque,
J’ai le sourire en coin qui fait battre le coeur
Où sommes-nous ?
Le mystère est entier, se dévoilerait presque 
Les gens autour de moi font comme si de rien n’était
(le trésor au fond des poches)
Où sommes-nous Où sommes-nous
Mais il est déjà l’heure
Saint-Michel Notre-Dame,
je descends.

 

04.03.2020

Je suis dans le RER
J’ai quitté mes habits
Le paysage fait défiler le train ;
Demain est un autre jour,
Ne pas se laisser distraire ;
Au contraire, rester dans le paysage,
Rester dans le train ;
Je suis dans le train 
Je regarde la chevelure des voyageurs ;
Je sais que j’ai moi-aussi cette chevelure avec des yeux dedans ;
Comme c’est étrange d’être assis là, dans le train
Et de voir deux paysages défiler.  

 

Je suis dans le RER
J’ai quitté mes habits
Le paysage fait défiler le train ;
Demain est un autre jour,
Ne pas se laisser distraire ;
Au contraire, rester dans le paysage,
Rester dans le train ;
Je suis dans le train 
Je regarde la chevelure des autres usagers ;
Je sais que j’ai moi aussi cette chevelure avec deux yeux dedans ;
Comme c’est étrange d’être assis là, dans le train
Et de voir deux paysages qui défilent. 

 

02.03.2020

Je suis passé de l’autre côté 
La bascule est faite
Ce n’est pas la bascule des rêves
Mais celle de l’attention ;
Je passe de l’autre côté
Le mieux serait peut-être de garder l’oeil ouvert
C’est-à-dire de le garder ouvert en ouvrant les yeux ;
Nulle part, je suis assis dans le nulle part,
Comme toute une huile rassemblée dans l’eau,
Mais l’agitation m’émulsionne à nouveau
Entre deux clins de paupière.

 

16.02.2020

Que sommes-nous derrière ces couches de poussière ? Quand tu me poses la question que tu ne m’as pas posée. Quand je réponds à la question, restée suspendue sur le coin de ton œil. Que suis-je ? derrière ces feuillets, ces titres, ces croûtes. Ces croûtes advenues par le trop plein d’absence. Je suis l’écorce ; que la main caresse. Je suis le paysage sans cesse reconnu par le pouvoir des mots, de la diction. Je suis l’étendue de la pensée, faite de paysages et de distances. Je suis ce doute qui oublia qu’il était doute. Je suis cette cire devenue froide. Pourtant, je suis cet homme que ta présence révèle – au-delà des titres, des futurs, des directions. Un homme qui demain encore oubliera qu’il t’a rencontré. Un être que ta présence réveille. Alors, pour répondre à la question que tu ne m’as pas posée, je suis celui qui t’a rencontré dans son sommeil. Je suis peut-être cette flamme. Je suis peut-être cette lumière derrière ces feuillets, ces titres, ces poèmes.

01.02.2020

L’époque colle à la peau, comme une boue  
malodorante. Les enfants courent sur le chemin
avec leurs lumières qui courent dans tous les sens.
Souviens-toi du volume, de l’ère de la nuit ;
Et les mots qui restent, il faut les espérer sincères, bien secs,
Et les voir tomber comme on tape des semelles.

 

01.01.2020

Ralenti… Ralenti !
Nouveau jour, nouvelle aube : Profites-en.
Tu n’avais rien vu, n’est-ce pas ? 
Ralenti ! Ralenti encore.
(Quelle que soit la fin, nous la toucherons.)  
Écoute. Quel est ce chant ? 
Les mésanges charbonnières, leur voix :
L’ici-bas et l’au-delà”, “l’ici-bas et l’au-delà”
Les marronniers dans le ciel blanc montrent l’heure blanche.
Élevons-nous, élevons-nous encore.
Le merveilleux, ce pétiole entre les limbes et le monde. 
Les roulettes des sacs font que j’adhère encore,  
La chute s’annonce merveilleuse au clair de l’hiver. 

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