Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 17 of 32)

Journal des poèmes 

05.04.2021

S’asseoir sur un banc, quitter le fil
un instant,
Laisser les poussettes passer, devant le banc
et leur cortège d’années.
Saluer le pigeon, à la rigueur,
ou s’écorcher l’oeil contre l’écorce du tilleul,
Mais quitter le fil,
Et se remettre là, chez soi,
à l’entrée de chez soi
avec cette furieuse envie de dire, de creuser.
Tenir le signe à distance,
– les aboiements, les claquements de porte
des toilettes, des taxis -,
et toute la géographie des lieux
qui m’éloignerait d’ici,
près d’un homme en quête de conversation.
Oui, rester là, à l’orée du signe, comme poil de bête,
Et accepter de ne pas aller plus loin ce jour,
de rester sur le banc
les yeux mi-ouverts mi où vers,
comme les enfants dans leur poussette.

 

05.04.2021

Le bonheur renaît dans tel arbre quand
l’autre fut coupé.
Et l’opulente floraison d’un merisier,
en de larges panaches d’inflorescences
dans le jardin des soeurs coréennes.
Et cet autre souvenir, loin loin loin
que l’exographie des lieux fait renaître.
La vie s’apparenterait au rêve,
le banc est resté vide, chargé de nos espérances.
Et l’élégante collerette d’un camélia,
Se tenir prêt.

02.04.2021

L’humanité dans le caillou.
L’humanité dans les chaussures ;
Il nous berce le train,
Cailloux sur les voies.
Humanité sur le caillou,
Quand on y pense tiens
Ça effraie l’absence de chute.
Heureusement, la vie est là,
qui peuple le moindre espace.
Brins d’herbe.

 

22.03.2021

La Seine charrie sa durée.
L’homme charrie la sienne dans l’interstice des jours.
Nous construisons le ciel, ou des naufragés
Quels poids avons-nous sur le cours ?
Allons, laisse-toi, laisse-toi aller. Epouse le mouvement des secondes, des jours,
des saisons. Déleste-toi
et tant pis pour ce que le courant emporte.
Concentre-toi sur le voyage,
Concentre-toi sur ta propre lumière,
comme le font les oiseaux migrateurs.
Ce qui appartient à la durée retourne à la durée.
Allège-toi.

La Seine charrie sa durée.
L’homme charrie la sienne dans l’interstice des jours.
Nous construisons le ciel, ou les naufragés
Quels poids avons-nous sur le corps des choses ?
Allons, laisse-toi aller. Epouse le mouvement des secondes,
Et des saisons.
Tant pis pour ce que le courant emporte.
Concentre-toi sur le voyage,
Concentre-toi sur ta propre lumière,
comme le font les oiseaux migrateurs.
Ce qui appartient à la durée retourne à la durée.
Allège-toi.

La Seine charrie sa durée.
L’homme charrie la sienne dans l’interstice des jours.
Nous construisons le ciel, ou les naufragés
Quels poids avons-nous sur le cours des choses ?
Allons, laisse-toi aller. Epouse le mouvement des secondes,
de la goutte, des saisons.
Tant pis pour ce que le courant emporte.
Concentre-toi sur le voyage,
Concentre-toi sur ta propre lumière,
comme le font les oiseaux migrateurs.
Ce qui appartient à la durée retourne à la durée.
Allège-toi.

19.03.2021

Deviens bougie, éteinte ou allumée
mais deviens bougie, sans destination
Au-dessus des mouvements : chant d’enfant,
mouvement du train, mauvais regard, allant allant sur les
courants phénoménologiques.
En dessous du ciel ou de
—qui te semble beau à voir,
Ou quelque soit le plan, dessus dessous,
puisque le plan est sans direction.
Flotte, petite bougie, flotte. Au-dessus des eaux, de la
Seine, du prochain arrêt, du printemps, des marronniers.
Une main voyante, délicate, te trouvera
et trouvera ta mèche en partie consumée.

09.03.2021

Le langage, cet exotisme. 
La langue anglaise, cet exotisme. Comme une plante verte, ou bleue,
à l’entrée des bureaux, des gares,
occupant une place près de soi dans un train de banlieue. 
Parfois, en ouvrant les yeux, le monde des hommes devient lui aussi d’un grand exotisme : un humain qui lit le journal, des sièges ; une caquette. D’autres humains qui rentrent et s’assoient. Le sac à main d’une dame, de couleur noire. Le poussoir sur la vitre pour l’ouvrir, c’est très étonnant
Oui, l’homme est d’un grand exotisme, avec ses rails, ses cheminées en haut d’immeuble, ces trains à quai, ces hommes vêtus de rouge sur les voies ferrées. Alors oui,
à y voir de plus près,
de manière plus lucide, ces petits actes du quotidien, ces contrariétés, sont de même nature que le caillou sur le chemin de la pousse, que le trop plein d’ombre d’une feuille sur le chemin de l’héliophile, ou la bourrasque pour la plante frileuse que je suis. 
Et le ciel ? Et les étoiles ?
Mince ! mon arrêt. 

 

07.03.2021

Entouré de bruit et d’univers,
L’homme marche dans le néant
Le néant n’est pas l’absence de réponse ni de foi,
Et l’univers vide, ou parsemé de galaxies, 
est une réalité pleine de sens. 
Cette ontologie du néant est bien plus profonde.
Un instant, on pourrait presque perdre pied
Ou se mettre à crier ces paroles. 
Mais très vite, le bruit redevient brouhaha
et le brouhaha redevient d’époque
Et les deux univers coïncident.
C’est un dimanche ensoleillé, 
Les passants traversent l’une des allées latérales du Jardin des plantes,
en tout sens, levant une fine poussière.
Et le merle est radieux. 

 

06.03.2021

Pourquoi les humains
Sont-ils plus assis sur les bancs au soleil
que ceux à l’ombre ?
Et, pourquoi les moineaux ont-ils une appétence
à rendre sonores les haies et les buissons,
– de charmes, de laurier-tin et de troènes –,
plutôt que les arbres que les mésanges préfèrent.
Pourquoi existe-t-il des fleurs, des saisons et des arbres, sur une planète quelque part,
Et des arbres qui préfèrent donner leurs fleurs au printemps plutôt qu’à l’hiver?
(Et pourquoi notre langue ne sait-elle pas conjuguer le verbe éclore ?)
Pourquoi la vie a-t-elle ses préférences de lumière, de formes, et de couleurs ?
Et pourquoi un homme s’est-il arrêté devant le square Paul-Painlevé
pour regarder tout ceci. 

27.02.2021

Le ciel ne sait rien des oiseaux
ni du ciel,
ni de nos joies ni de nos peines.
Les hommes attendent sous l’écran
avec leurs yeux grands ouverts comme bec
l’horaire du train ;
Tandis que les pigeons
sont en amour pour une fois.
Le ciel ne sait rien du ciel,
ni de nos joies ni de nos peines.
Mais le soleil sait retrouver son fils
Et tous les êtres de lumière.

 

22.02.2021

Sors ! Sors du sort.

Sors du sort pour être de nouveau
le passager
qui contemple la mer,

(l’amer a de beaux jours).

Sort.
Sors encore : beaucoup plus loin ! plus haut.
Sois le phare, ou le point, qui permet au promeneur
de toucher le rivage.

Sortilège. Alors que tout est là ! déjà.
O merveille

Sors. Sors encore,
encore et en corps,

Car qui tiendrait la seconde suspendue, une fois suspendue ?
le bâton vertical, une fois vertical ?
et l’oeil oeil qui se referme toujours,

Sor encor.

 

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