Littérature, écriture

Auteur/autrice : rd (Page 48 of 53)

28.05.2017

Est-ce épreuve que celle à laquelle mon cerveau se livre
Mais qu’éprouve-t-on ? Et pour quel objet ?
Ici est une souffrance imperturbable
Pourquoi donc se rendre ailleurs.
Je puis peut-être espérer m’être transformé en fleur
pour éprouver la sensation de vertige
l’élévation coite, l’enracinement béat (si frêle pourtant) ;
Mais ici nulle couleur vraiment
Et puis je suis anima :
On soulèverait l’écho des montagnes pour les peupler encore.

24.04.2017

J’ai donc écrit un poème en anglais
Assis en dormant sur un banc
C’est donc un poème en anglais écrit lisiblement
Tandis que le soleil échaude le sable autour du banc
Et que la bande en plastique blanche rouge oscille vibre.
Les yeux fermés, je ne reconnais rien autour de moi
Ni en moi, à l’exception de ce phénomène d’étrangeté.
Je suis seul. C’est la place du poète, un strapontin
Comment assumer cette solitude où rien n’est vrai sinon l’affliction que les corps s’imposent
où le monde (des hommes) suit la déclivité,
Comment assumer cette solitude en celui habité par la tentation du sommeil,
Comment assumer cette solitude mon cœur mon enfant ma révolte,
Comment assumer cette place où tout n’est pas pareil que le passé ?
Tout ça fut écrit dans un poème en anglais
Et la chute est un éclat de rire comme une levée de rideau :
Nous sommes tous des enfants abandonnés que le soleil pardonne.

01.03.2017

Nous eûmes aspiré à autre chose
et finalement nous mordons la poussière
La langue lèche les parquets et les angles
Il faut mettre le paquet, dit-on
En fait il s’agissait de mettre le paquet et d’aspirer
Nos ventres sont mal remplis et les dents sont sales
Mais ils font aussi de la prévention
ils nous disent que nous allons dégueuler ou crever
Ils mettent sur les paquets les images
affreuses de la Terre qui brûle, ou pétrifiée
pour nous sensibiliser,
nous dire que tout ceci a assez duré
Alors les hommes se révoltent
les dents se déchaussent au moment de crier
les paroles ne sont pas claires
c’est compliqué à entendre
le silence comment fait-on pour exprimer le silence
quand les machines tournent à fond
nuit et jour, bruit et joue
Alors l’un d’eux s’arrache le cœur, et c’est beau
et l’image est mise sur les nouveaux paquets
de lessive

13.02.2017

C’est vrai que je puis partir
pourquoi être pressé de rentrer chez soi
Ce chez soi est partout je l’oublie trop souvent
en chacun de mes pas déjà
et les portes sont en chacune des parties (que mon corps regarde)
Portes omises, portes entrouvertes
Seulement voilà il faut cette excitation de lumière
ce départ de feu, ce quelque chose, pour les voir
aujourd’hui, ce fut toi lumière
réaction en chaîne

C’est vrai que je puis partir
pourquoi être pressé de rentrer chez soi
Ce chez soi est partout, je l’oublie trop souvent
déjà, en chacun de mes pas  
et les portes sont en chacune des parties (que mon corps regarde)
Portes omises, portes entrouvertes, portes mises,  
Seulement voilà, il faut cette excitation de lumière
ce départ de feu, ce quelque chose pour les voir
aujourd’hui ce fut toi lumière,
réaction en chaîne.

01.01.2017

Trois corneilles, telles les trois Grâces, se disputent la flaque. Il y a une saignée dans la rigole. Par terre, les feuilles sont pourries, malades, rabougries. Et le sapin, laissé sur son pic, à côté du platane enraciné dans le béton ; est-ce pour le consoler ? Ce dernier le peut-il ? L’escalator amène son bruit en surface. On vide les bouteilles dans les containers. On me crache une fumée de cigarette dans la gueule. Et, c’est à Paris, des flaques de vomi sur le boulevard Général Leclerc sont nombreuses pour ne pas être vues : le trop-plein, me dis-je, le trop-plein, se vider bien, avant d’arriver. L’espérance roule dans les mégots, partout par terre. On vend des hyacinthes, 3 euros pièce. Mais après c’est moins cher. Sagement assis dans les voitures. Sagement assis dans le langage. Ça y est ! la nouvelle année démarre. Le désarroi dans les yeux, les phares de l’autre, les warnings, les escalators font jaillir les blouses, les chuchotements, les sourires, la vie. La ville s’ouvre à nouveau. Je n’ai pas de gants. Je me réchauffe les mains dans les bougies de l’église. Puis je mets une bougie pour les miens. Je pense au Messie. Deux conditions, l’une inclusive l’autre exclusive, alors que le miracle était possible. Puis je quitte ma prière, et je vais regarder la crèche. Il y a la paille, les feuilles mortes, un âne, un bœuf, l’eau qui court dans la rigole, et un aigle qui veille. L’aigle est peint. Il y a les arbres aussi. Le Subway vient d’ouvrir. Les pigeons tentent l’aventure du mégot sur le sol, des fois que, mais non. L’onglerie clignote. Un estropié marche en invectivant le vide. J’ai le cul qui gratte. Vivement lundi que le boulot reprenne, avec son confort, ses joies, ses espérances. Vivement demain. Ça permettra de mieux savourer l’instant, comme le dit la publicité de Coca-Cola sur le mur. Les pigeons se sont rassemblés autour du manger. Dans le ciel il y a toujours les décorations de Noël. Ce sont des jeux d’étoiles filantes. Elles ne sont pas allumées. Le jour n’est pas encore éteint.

20.12.2016

La poésie m’a quitté. C’est peut-être une bonne chose. Je longe les murs. Elle n’est plus en moi. C’est peut-être une bonne chose. Dans ma chambre, les livres s’entassent comme les souvenirs rangés au fond des cartons ; sauf que les livres sont placés sur mes étagères. Parfois, l’un d’eux traîne par terre pour une page qu’on chercha. Mais la page a disparu. La vie me semble  faite des multiples fils d’un étendoir – prendre soin de ces fils, les dérouler, les faire grandir – sauf qu’aujourd’hui, il n’y a plus rien à sécher. Cette absence de vue m’offre une vue sur la vie elle-même. Aujourd’hui la mienne s’exerce à… Point.

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