Raphaël Dormoy

Littérature, écriture

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06.03.2021

Pourquoi les humains
Sont-ils plus assis sur les bancs au soleil
que ceux à l’ombre ?
Et, pourquoi les moineaux ont-ils une appétence
à rendre sonores les haies et les buissons,
– de charmes, de laurier-tin et de troènes –,
plutôt que les arbres que les mésanges préfèrent.
Pourquoi existe-t-il des fleurs, des saisons et des arbres, sur une planète quelque part,
Et des arbres qui préfèrent donner leurs fleurs au printemps plutôt qu’à l’hiver?
(Et pourquoi notre langue ne sait-elle pas conjuguer le verbe éclore ?)
Pourquoi la vie a-t-elle ses préférences de lumière, de formes, et de couleurs ?
Et pourquoi un homme s’est-il arrêté devant le square Paul-Painlevé
pour regarder tout ceci. 

05.03.2021

cette année encore  
j’échoue à dire
le cerisier en fleurs

 

chaque année 
j’échoue à dire
le cerisier en fleurs

 

27.02.2021

Le ciel ne sait rien des oiseaux
ni du ciel,
ni de nos joies ni de nos peines.
Les hommes attendent sous l’écran
avec leurs yeux grands ouverts comme bec
l’horaire du train ;
Tandis que les pigeons
sont en amour pour une fois.
Le ciel ne sait rien du ciel,
ni de nos joies ni de nos peines.
Mais le soleil sait retrouver son fils
Et tous les êtres de lumière.

 

22.02.2021

Sors ! Sors du sort.

Sors du sort pour être de nouveau
le passager
qui contemple la mer,

(l’amer a de beaux jours).

Sort.
Sors encore : beaucoup plus loin ! plus haut.
Sois le phare, ou le point, qui permet au promeneur
de toucher le rivage.

Sortilège. Alors que tout est là ! déjà.
O merveille

Sors. Sors encore,
encore et en corps,

Car qui tiendrait la seconde suspendue, une fois suspendue ?
le bâton vertical, une fois vertical ?
et l’oeil oeil qui se referme toujours,

Sor encor.

 

05.02.2021

Ne pas avoir l’habitude des chemins déjà arpentés,
Même si nous les arpentons ce jour encore ;
Quoiqu’il ne s’agisse pas non plus de la première fois
Quand ce chemin fut arpenté
Car la première fois il n’était pas chemin.
Au contraire, ralentir ;
Et se sentir prêt, une fois encore, à rencontrer. 
Il s’agirait ici du bain des moineaux,
Dans un arbre voisin, à l’angle des rues Camille Flammarion et Daumesnil.
Mais cette simple perspective déploie un arbre géant, 
Avec des milliers de chemins à arpenter,
Et l’oeil presque neuf, qui reçoit tout pour la première fois. 

 

05.02.2021

Je suis de l’autre côté
Du côté où les sièges n’ont ni vue ni lumière
Là où les yeux sont enrubannés de pensées
étrangères de phrases mauvaises,
Là où il n’est ni jour ni lumière :
Là où le monde est plat comme un linge mortuaire, plié
repassé, sur l’étagère, avec une odeur de drap qui n’aurait pas d’odeur.
Ce lieu ressemble à la mort, au temps sans heurt,
Non au tombeau qui s’est entrebâillé, au mystère ouvert,
mais à la mort Elle-même, sans direction, sans inertie ; les mouches en moins.
Un lieu où personne ne viendrait vous trouver
Un lieu où personne n’irait vous chercher,
Le lieu où la mémoire ne se souviendrait pas
Si quelque chose en soi n’était irrémédiablement pas
attiré par la lumière.

 

28.01.2021

Comprendre le monde :
Être du monde.
Les oiseaux nomment-ils ?
Ont-ils besoin de nommer la branche,
Ou vivent-ils comme l’homme
éloigné de l’oiseau et du monde.
Les oiseaux ont-ils besoin de nommer le ciel ?
Ou vivent-ils comme l’enfant,
Comme l’enfant qui voit,
dans une joie certaine, néanmoins confuse, du monde. 
Qu’il est long d’être un homme. 
Mais un jour il vole.

 

26.01.2021

Garder la ligne et le regard — tendus
comme un pont entre deux berges ;
Fouiller dans sa mémoire
pour ancrer les deux instants,
— passé et présent ;
Pour que les yeux soient deux câbles fixés :
Pour que l’arbre soit l’arbre, le nuage le nuage,
et la route soit le route,
et non le chemin qui nous ramène à demain.

 

22.01.2021

Nous parlons Emploi
dans une pièce, et le stylo
fait une ombre  
Quoi transmettre ?
La CCI a fait l’enquête, paraît-il
Le scintillement
La Seine coule dans le coin de la fenêtre, et le soleil vient 
jusqu’à nous. 
Ville productive, territoire de demain, 
C’est la somme des initiatives qui fait que :
vieilles structures. 
Quoi apporterai-je à cette réunion,
Sinon le scintillement ;
Au centre de la pièce, 
La péniche aussi a sa phrase à dire. 

19.01.2021

Soleil sale qui réchauffe les coeurs 
Toute l’eau du monde en forme de gouttes
Séchées sur la vitre du RER 
Assis
À quai
Je suis dans le RER
Toutes les directions à cet instant se valent
Comme les heures du cadran.
Dans le ciel, les nuages font corps avec l’oeil-soleil. 
Ce qui autrefois fut goutte est 
L’univers. 

 

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