Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 32 of 33)

Journal des poèmes 

17.10.2015

Embarqués dans une galère, la même
passagers assis debout de dos de face
dans ce bus droit pas même courbe (pourquoi pas)
les géraniums s’en balancent.
Direction Nord, la vigne annonce la couleur
quelques feuilles éparses
mais les platanes sont malades ;
On se fait des politesses
À part baiser et combler l’angoisse, rien de neuf – heureusement
Le bébé s’en fout c’est le sein qui compte
petit coeur La fillette veut sa sucette
les mains s’accrochent le chien aboie
remue ça tangue on a traversé la Seine.
Dans la vitre près du conducteur
une femme debout de dos
le visage éclatant de la mort.

12.09.2015

La tombée du soir
le parfum de ces roses emplit l’âme
quel parfum quel spectacle
au loin une cloche, une cloche qui tinte,
la cloche d’une église dont les contours
se noient dans la lumière lointaine
du village
Cela forme une butte, tandis que la parfum des roses emplit la nuit
c’est un parfum sucré, et discret
que les contours d’un grillon accompagnent,
ouvrant les alvéoles pulmonaires un peu plus qu’elles ne l’étaient
laissant entrer la nuit, plus loin
tandis que le coeur bat, à l’unisson de l’instant,
du présent
Des années me séparent de ce poème
comme je m’exerçais à savoir comment
le parfum de ces roses jaunes pouvait être restitué
au son de la cloche lointaine
Pourtant, l’instant n’a pas changé
et je remercie le poème
de m’avoir déposé à nouveau dans cette soirée.

14.08.2015

Les étoiles ont cessé de briller
un lampadaire éblouit la nuit
les nuages réverbèrent le passage d’un avion
(en direction de lui-même, c’est indiqué)
quel silence que l’obscurité est profonde
le souvenir d’un grillon persiste
des masques grimaçants passent au-dessus du banc
Je bois une autre bière
l’obscurité a-t-elle mangé la nuit ?
pourtant l’olivier, dans la clarté du lampadaire, tient tête
il est grand il respire
au-dessus de lui une trouée
une étoile sept huit
la nuit ne prend pas partie.

08.08.2015

L’absence d’horizon
me voici libre d’une vie sans horizon
quel calme
le jardin est désert à cette heure
Les jeux attendent les enfants, qui reviendront
demain
L’absence d’horizon
c’est l’éternité augmentée du dehors
Le passé est loin derrière 
et l’avenir n’est pas
Le jardin pourtant délivre ses promesses
L’aire de jeu attend les enfants.

27.07.2015

Je n’appartiens plus au réel. Je le sais aujourd’hui. Je respire
certes.
Je ne sais pas ce qui manquait au monde.
Ma présence peut-être.
Je n’y suis plus. J’ai dû manquer quelque chose.
Seuls les cimetières me parlent. Ce sont des lieux doux et calmes
comme le monde.
La clarté ne s’est pas absentée de mes yeux. Au contraire elle est là présente. J’égraine les hypothèses comme le calice d’une fleur.
« Prudence », est-il écrit.
Tous les chemins mènent nulle part.
Alors pourquoi rester là.
Les graffitis sur les murs font des figures absentes. Pourtant chaque rivière porte un nom. Mon fils
assis derrière moi est une joie solaire. Nous partons vers les paysages absentés. Les paysages absentés c’est la lumière.
Le reste est ornement.
Je ne profite même pas du monde. Je n’en ai jamais profité. Je suis plus parasite que chien. Ma seule gloire est d’attendre le transport.
Mon fils parle et gazouille une langue familière tandis que je m’accroche à mon transport.
Certains villages par leur nom évoquent une femme, avec leur fontaine, leurs gouttières, leur dos d’âne.
Chaque rond-point est une respiration vers.
J’écris de tête, je réussis ce miracle.
La lumière ne laisse rien passer. Les voies sont ouvertes. On approche. De quoi ? On approche de quoi ? On commence à approcher. Quelle déception ! Les questions sont des culs-de-sac, des impasses originelles, qui, lorsqu’elles sont exactes, nous renvoient à cette autre,
première, vibration tactile où tout s’éclaire. La vitesse est limitée.
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