Un homme est comme une plante
il lui faut beaucoup de soleil : un peu quand même
il faut qu’il puisse dire “Je t’aime”
et que son sourire arc-en-ciel se dessine quand une goutte tombe sur sa joue
Un homme a besoin de courir comme une plante
d’embrasser et d’aimer comme une plante et de regarder le ciel
Un homme a besoin de regarder, de toucher, de palper, comme une plante
Un rayon suffit, une goutte suffisent, pour que le paysage devienne corps et le corps paysage
Enfin, tout dépend de la plante
Catégorie : Poèmes (Page 30 of 33)
Journal des poèmes
Le passé est loin, l’avenir n’est pas et le présent
Qu’est ce ? Un banc sur lequel mes fesses,
– le présent s’efface
La légende dit : les anges soutiennent le monde.
A nouveau je suis à la frontière.
A la frontière, c’est l’homme sans Dieu
L’homme fait homme mais sans lien
Peut-être est-ce Dieu lui-même.
On a scié l’arbre
Et les pigeons dans leur vol ressemblent à
Des pierres tombales.
Mes illusions sont tombées
je ne sais pas si ça change quelque chose à la qualité de la lumière
mais je suis assis à l’angle des rues Daguerre et Lalande
et la femme qui passe devant moi
et je bois un verre de vin pétillant
et la femme qui passe devant moi
a beau avoir un gros ventre, elle est enceinte ?
A quoi sert-il de sentir
si tu ne sais
ni chanter ni écrire ni danser ni photographier ni peindre
ni rien faire
A quoi sert-il de sentir si tu ne sais rien faire
à part sourire
puis – j’ai perdu le fil
une fille est venue s’asseoir à côté de moi
elle m’a souri
Ce n’est pas grave d’avoir tout échoué
Et, je m’assois sur ce banc
je n’ai pas tout échoué, le soleil tient
d’ailleurs je me réchauffe
Les pauvres ont des petites joies
manger bien manger ils mettent du soleil dans leur repas
Un papillon le premier de l’année est venu saluer
ailes rouges, blanches, noires,
Jour de fête ! on ferait chanter les moineaux plus fort
mais ce serait par effet de style
Manger plus lentement, relever la tête,
les moineaux sont plus audibles.
O lumière
cela fait si longtemps que je n’avais pas souri
souri de voir ta lumière
je suis ébloui
Hélas mon poème ne saurait retenir la sensation
à cet instant sur ma peau, mais
je suis un homme heureux, et
ce souvenir vaut plus que mille autres
ô rayon
J’ai écrit tous les poèmes de la Terre,
Et mon coeur a brûlé
d’amour.
Ses pétales ressemblent aux feux de l’astre solaire
Il n’y a personne
sinon toi.
Nos lanternes brillent dans les ténèbres,
nous n’éclairons rien.
L’amour suffit.
Nommer, c’est reconnaître
J’ouvre la fenêtre
Le monde a-t-il vécu
L’esprit s’est-il consumé
au point de n’être plus
qu’un cerveau diaphane
Deux hémisphères cristallins
que la lumière du jour éclaire
Ashtray, disent les anciens.
Est-ce épreuve que celle à laquelle mon cerveau se livre
Mais qu’éprouve-t-on ? Et pour quel objet ?
Ici est une souffrance imperturbable
Pourquoi donc se rendre ailleurs.
Je puis peut-être espérer m’être transformé en fleur
pour éprouver la sensation de vertige
l’élévation coite, l’enracinement béat (si frêle pourtant) ;
Mais ici nulle couleur vraiment
Et puis je suis anima :
On soulèverait l’écho des montagnes pour les peupler encore.
J’ai donc écrit un poème en anglais
Assis en dormant sur un banc
C’est donc un poème en anglais écrit lisiblement
Tandis que le soleil échaude le sable autour du banc
Et que la bande en plastique blanche rouge oscille vibre.
Les yeux fermés, je ne reconnais rien autour de moi
Ni en moi, à l’exception de ce phénomène d’étrangeté.
Je suis seul. C’est la place du poète, un strapontin
Comment assumer cette solitude où rien n’est vrai sinon l’affliction que les corps s’imposent
où le monde (des hommes) suit la déclivité,
Comment assumer cette solitude en celui habité par la tentation du sommeil,
Comment assumer cette solitude mon cœur mon enfant ma révolte,
Comment assumer cette place où tout n’est pas pareil que le passé ?
Tout ça fut écrit dans un poème en anglais
Et la chute est un éclat de rire comme une levée de rideau :
Nous sommes tous des enfants abandonnés que le soleil pardonne.

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