Un monde où chaque jour l’énergie se consume à faire vivre
une lampe ;
Une lampe, probablement magique, puisqu’elle apparait.
Peu importe l’énergie consumée pour faire vivre cette lampe.
Cette lampe serait possible en chaque instant :
Il suffit de la voir, même quand elle n’est pas là,
Il suffit de la savoir même si elle n’apparait pas ;
C’est son autre côté magique.
Cette lampe ne fait rien pour qui l’admire ; son miracle est ailleurs.
Catégorie : Poèmes (Page 28 of 33)
Journal des poèmes
Je ferme les yeux,
Je ferme les paupières sous le soleil.
L’environnement retrouve sa clarté.
Les cris d’enfants, les joies de pelles, retrouvent leur clarté première.
Les bruits s’entremêlent dans cette clarté joyeuse.
Un instant suffit pour tout perdre,
pour voir le château disparaître.
Mystère enfui, enfoui sous les sables.
Fenêtre entrouverte, le houx luit autrement. Le houx, dans l’entrebâillement de la fenêtre, propage un peu de son éclat dans le houx de la vitre. Ce n’est pas le même houx, dirait-on, qu’autrefois. De même il en va des troènes, dans la fenêtre entrouverte, dont les branches bougent derrière celles du houx, lentement. Si le vent était langage, réussirait-il à mouvoir ces lettres? Fenêtre entrouverte, chair du monde.
Être vieux, c’est être moins souple,
Plus d’accès.
La lune est cachée par le parasol.
C’est la même nuit, le mystère en moins.
Être vieux, c’est attendre dans un paysage qui sert de décor
Sans horizon, ni trompe-l’oeil,
Et ordonner ses affaires
dans l’attente d’un grand voyage
où tout restera à quai.
“Soyez terrestre,
élevez-vous”, disent les mouettes.
Les moineaux, à hauteur de ciel,
de nuage, de chaises
veillent au grain : sable ! soleil !
Il me souvient de l’enfant,
ancré, ancré,
mais quel âge a-t-il,
quel âge terrestre ?
qui déroulait son fil, entre ciel et mer
Puis déployait ses ailes,
son cri.
Il n’y a pas d’échappatoire puisque Poésie est
Il n’y a pas d’autre monde que celui qui se présente
chaque fois que l’homme ouvre les yeux
le saluent
Parfois il faudrait une allumette pour se rappeler
Ou une amulette qui se mettrait à crisser chaque fois que les volets se ferment pour nous désigner la transparence.
Mais à présent, tout me conduit en Lui : monde à l’état brut, sauvage, terriblement familier,
où chaque détail révèle sa nature, sa présence
Dans le parc où je me situe, les bancs sont des sculptures; des livres à ciel ouvert sur lesquels les passants ont posé leurs fesses,
Les pigeons, pourtant mièvres d’habitude, nous indiquent, par leur présence et leur vol, une direction, du moins une correspondance.
On voudrait croire à l’illumination, au surgissement synchrone de la pensée avec ce qui entoure, par le tintement des cloches
Mais la page se referme pour laisser le champ libre et vierge.
Certaines paroles se diluent
le ciel est saturé
cela n’ôte rien de la mécanique perceptible, imperceptible des êtres
Au contraire, les lettres posées sur le monde semblent plus denses,
sans que les mots n’aient de sens
Les deux portes-fenêtres l’une ouverte, l’autre fermée
le soleil inonde la pièce comme j’ouvre un oeil
et lui redonne son exact volume,
volume de belle espérance
d’un à venir déjà clos dans le présent
redonnant au présent son entier volume.
J’ouvre les yeux et je souris de cette espérance
comme si toute l’épaisseur avait été lavée
et que je retrouvai mes yeux d’enfant dans un corps nettoyé et lavé.
Discutez, discutons,
mais sait-on la qualité d’une conversation
à la qualité de ses silences.
Discutez, discutons.
Elle est intarissable : son débit, son flux, c’est un flot immense,
comme si le saumon remontait à la source.
Son partenaire rame un peu.
Moi, je suis sur le bord, sur la table à côté,
terrasse ouvert, nous sommes le 31 mai.
Je sais que tu es là.
Allées de marronniers ; lumière
Les enfants, les passants, passent
(et même les pigeons)
et même les marronniers dans la beauté du monde
Lumière et mouvent, lumière et mouvement
Ce “me” furtif m’émeut.

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