Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 18 of 32)

Journal des poèmes 

05.02.2021

Ne pas avoir l’habitude des chemins déjà arpentés,
Même si nous les arpentons ce jour encore ;
Quoiqu’il ne s’agisse pas non plus de la première fois
Quand ce chemin fut arpenté
Car la première fois il n’était pas chemin.
Au contraire, ralentir ;
Et se sentir prêt, une fois encore, à rencontrer. 
Il s’agirait ici du bain des moineaux,
Dans un arbre voisin, à l’angle des rues Camille Flammarion et Daumesnil.
Mais cette simple perspective déploie un arbre géant, 
Avec des milliers de chemins à arpenter,
Et l’oeil presque neuf, qui reçoit tout pour la première fois. 

 

05.02.2021

Je suis de l’autre côté
Du côté où les sièges n’ont ni vue ni lumière
Là où les yeux sont enrubannés de pensées
étrangères de phrases mauvaises,
Là où il n’est ni jour ni lumière :
Là où le monde est plat comme un linge mortuaire, plié
repassé, sur l’étagère, avec une odeur de drap qui n’aurait pas d’odeur.
Ce lieu ressemble à la mort, au temps sans heurt,
Non au tombeau qui s’est entrebâillé, au mystère ouvert,
mais à la mort Elle-même, sans direction, sans inertie ; les mouches en moins.
Un lieu où personne ne viendrait vous trouver
Un lieu où personne n’irait vous chercher,
Le lieu où la mémoire ne se souviendrait pas
Si quelque chose en soi n’était irrémédiablement pas
attiré par la lumière.

 

28.01.2021

Comprendre le monde :
Être du monde.
Les oiseaux nomment-ils ?
Ont-ils besoin de nommer la branche,
Ou vivent-ils comme l’homme
éloigné de l’oiseau et du monde.
Les oiseaux ont-ils besoin de nommer le ciel ?
Ou vivent-ils comme l’enfant,
Comme l’enfant qui voit,
dans une joie certaine, néanmoins confuse, du monde. 
Qu’il est long d’être un homme. 
Mais un jour il vole.

 

26.01.2021

Garder la ligne et le regard — tendus
comme un pont entre deux berges ;
Fouiller dans sa mémoire
pour ancrer les deux instants,
— passé et présent ;
Pour que les yeux soient deux câbles fixés :
Pour que l’arbre soit l’arbre, le nuage le nuage,
et la route soit le route,
et non le chemin qui nous ramène à demain.

 

22.01.2021

Nous parlons Emploi
dans une pièce, et le stylo
fait une ombre  
Quoi transmettre ?
La CCI a fait l’enquête, paraît-il
Le scintillement
La Seine coule dans le coin de la fenêtre, et le soleil vient 
jusqu’à nous. 
Ville productive, territoire de demain, 
C’est la somme des initiatives qui fait que :
vieilles structures. 
Quoi apporterai-je à cette réunion,
Sinon le scintillement ;
Au centre de la pièce, 
La péniche aussi a sa phrase à dire. 

19.01.2021

Soleil sale qui réchauffe les coeurs 
Toute l’eau du monde en forme de gouttes
Séchées sur la vitre du RER 
Assis
À quai
Je suis dans le RER
Toutes les directions à cet instant se valent
Comme les heures du cadran.
Dans le ciel, les nuages font corps avec l’oeil-soleil. 
Ce qui autrefois fut goutte est 
L’univers. 

 

14.01.2021

Plus un lieu.
Le poème est un verre laissé dans l’armoire
laissée dans la cuisine,  
en formica blanc.
Les journées passèrent. 
Pourtant le réel est à 
  un pas
D’ici, un pas de là
Et l’espérance folle
D’en être.
L’avenue l’averse l’avenir : quelques gouttes
Promesse ténue ; mais quand même. 

 

01.01.2021

Expérimenter l’éternité,
C’est expérimenter que rien ne peut atteindre l’espace 
Que l’espace lui-même, 
Que rien ne pourrait arriver sinon 
L’espace lui-même, 
Comme deux boules de billard
dans un espace feutré ;  
Certains coups ont plus d’éclat que d’autres. 

 

18.12.2020

Ici, la beauté est morte. 
L’homme a retrouvé son destin de bête (un habit de primate)  :
Voici sa conquête, c’est la victoire de celles et ceux qui lèvent les bras en forme de V, 
et qui retournent les tombes comme des fétus de paille.    
Pourtant, souviens-toi : Chaque pas est une victoire,
Sois joyeux pour ça, et le suivant,    
et pour le vide qui se reforme sous tes pas.  
L’âme est un brûleur qui fonctionne à plein régime,
Et parfois le poème est ce jet, flambant, 
plein gaz, dans la montgolfière des jours.
Avant de voir à nouveau le silence. 

 

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