Littérature, écriture

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Essai sur la transcription – Journal des rêves (2013-2014)

La transcription des rêves suit une voie que la voie elle-même ignore. Par transcription, il faut entendre dans une carrière psychique, alchimie des fioles qui font jaillir l’exact souvenir. J’en bâille, je présume qu’il s’agit d’un encouragement. Souvenir dynamique et non pas souvenir rapporté. Là est la nuance, la faille océanique, le lien sismique. Le souvenir rapporté risque de faire échouer l’entreprise aussi vrai que la méduse supposée n’est bientôt qu’un sac plastique échoué sur une plage. Transcrire, c’est faire confiance au réel. Transcrire relève d’un ordre mystérieux, cependant exact, aussi vrai que le sujet refait l’expérience de sa finitude en ouvrant les yeux. Transcrire relève d’une forme qui réalise sa forme. Transcrire relève du diamant qui connaît son sillon. Je bâille une fois encore, est-ce bon signe ? On n’entre pas dans le sommeil comme on se jette en politique. Transcrire nécessite foi et persévérance, effacement et discrétion. On n’entre pas dans le sujet comme on entre dans un œuf à la coque. Transcrire est gratuit. Transcrire est ingrat. Transcrire nécessite de coller à l’exact réel. Nulle autre manœuvre que de faire jaillir les rêves déjà rêvés. Mais me direz-vous, comment puis-je être sûr de ce que j’avance ici. Eh bien c’est justement ce qui fait la différence entre la transcription et le souvenir, entre le spectateur et le commentateur, entre le saut et la perche. En art le doute est à la fois masse de l’objet et sa résistance. Transcrire c’est être en mesure de verser le cha dans l’aiguille et de se piquer au je : « Aïe » disent les Anglais. Transcrire c’est fuir cette époque qui a décimé les rêves, la forme, l’art, les mots, l’intelligence au profit de ce qui ne dort pas, de ce qui erre, de ce qui réfute l’art et la vie, la cycle et la durée et la gradation des couleurs. Transcrire c’est aller au-delà du souvenir, c’est-à-dire du paysage entraperçu à l’instant de l’éveil.

10.04.2014

06/12/2013

Dans l’effondrement, j’ai fait ce rêve, ce merveilleux rêve. Je découvrais des formules de guérison. Comment les découvrais-je ? J’étais l’Univers, pardi ! Ce n’est pas exact. J’étais là où tout se tait à la bordure de l’Univers. C’est très étrange comme état. Et dans le rêve je découvrais des formules de guérison. Chacune de ces formules, sitôt sue, avait le pouvoir de déplacer le corps et de le soigner. Ce n’était pas une expérience de décorporation du corps dans la pièce où le corps s’est endormi, mais l’expérience d’une décorporation du rêve dans le rêve lui-même. Irrésistible point d’appui, que la volonté consciente reconnaît. Il me semblait que toutes ces formules de guérison étaient des anges, chacune de ces phrases déplaçait l’être dans une localité particulière. Des phrases simples dont il ne me reste rien au réveil. Comment les cueillais-je ? Je ne sais pas. Les fruits invisibles. Tout le reste était tristesse. Les forêts brûlaient. Des éléphanteaux venaient encore se baignaient parmi les hommes.

Journal des rêves, Le sourire des anges

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