Ce masque blanc, merveilleux. Je souhaiterais à quiconque de le porter. Non, pas une ride. Mon dieu, j’ai failli l’ôter. Ceux qui portent ce masque se reconnaissent. Les autres sont incapables d’en lire les plis. Évidemment que tout homme porte un masque, mais celui-ci est mien. J’imaginais que la littérature offrait un espace pour penser. Le masque penché sur elle, je n’ai pas même une larme à lui verser. Car la seule chose que je sache à présent est que des hommes se reconnaissent sans que rien ne leur ait été donné de se rencontrer. Oui, c’est aussi simple que ça. Il ne sert à rien de vouloir prolonger cet état, c’est cette rencontre qui compte. Si les masques nous sont donnés, alors haïssons-les. Mais ne pas s’accuser de ne pas être à la hauteur, nos  espoirs eux-mêmes nous donnent des vertiges. Alors soyons humble. Pourquoi porter un masque quand le monde nous a fait corps. Je supprime l’interrogation pour être sûr qu’aucun ne viendra s’y lover. Oui et pourquoi continuer à interroger ce masque ? Je l’ôte à présent afin de pouvoir pleurer en silence. Mon dieu, quelle horreur. Quelle monstruosité. Je dois le remettre car la chose me consume, me ronge de l’intérieur. Mais où aller ? Où aller. J’aurai dû faire comme chacun, mettre le masque de chacun. Celui-ci vous protège. Ses yeux sont fermés. Ils sont suspendus sur ma porte. Ils ont besoin d’être portés sans quoi leurs traits s’amollissent ou leur surface se craquèle. On peut les remettre ensuite, mais le cœur n’y est plus. Leurs traits, il suffit de faire un effort. Est-il possible aussi de porter ce visage fissuré, l’autre y est habitué. Mon dieu, quelle horreur. Il n’est que ce masque que je puisse porter. Ce masque blanc. Je sais que d’autres en ont d’autres avec un pouvoir plus grand, mais je n’envie pas le leur. Je les sais heureux, mais le mien me rend heureux. Seulement voilà, le mien n’a aucun pouvoir. Ce masque n’a aucun autre pouvoir que celui de m’aller, son pouvoir est immense. Seulement voilà, son pouvoir ne sert à rien. J’ai bien tenté d’ancrer quelque chose, car il me faut porter un autre masque, mais je ne les supporte pas. Cette allergie, cette irruption cutanée, des démangeaisons qui m’empêchent de trouver le sommeil. On m’a dit de faire des efforts. On m’a dit que ça passerait. On me l’a redit. C’est peut-être la matière qui fait ça. Certains fabriquent le leur. J’ai essayé mais je me suis coupé, j’ai failli perdre la vue. Alors je les porte, mais je ne les porte plus. Je ne peux plus. Mon masque pourtant a un grand pouvoir, mais son pouvoir n’est pas souhaité. Au contraire. Alors son seul pouvoir est de ne pas perdre le sien, je veux dire qu’il m’arrive de ne plus le porter, mais jamais il ne s’affaisse, jamais il ne se craquèle. Bien au contraire lorsque je le porte, quelque chose d’autre se produit parce que le monde et tous ces masques disparaissent.