Ce même lieu il pourrait tout arriver, bien sûr. Mais les personnages se déplacent déjà dans une fiction. Je regarde : je ne trouve pas les mots. Il y a le merveilleux certes. Mais il y a les voix aussi dans la station de métro qui me ramènent à la fiction des lieux, des personnages. Les livres seraient-ils des bougies, dans cet univers, contraint par ses peintures pariétales, elles sont fragiles. Elles n’ont pas fini de se consumer qu’elles sont déjà éteintes, dans le meilleur des cas, laissant de nouveau apparaître la grotte et ses peintures. Je suis trop sombre, je ne devrais pas. Le retard de mon train, ou plutôt l’accident de ce matin, m’a permis de – changer de ligne. Et tant bien même je serais maintenant perdu, tant bien même le chemin suivrait celui de l’intuition et non celui des pas vers lequel le regard pointe, j’ai appris à me repérer. Je sais avancer sans voir. Je veux dire sans voir dans ce monde saisi. Alors oui, cette nouvelle ligne à présent, alors oui me conduit elle, est-elle censée me conduire, au même endroit, celui de mon travail, comprenez que l’excitation soit forte ! Et si j’avais, est-ce la bonne phrase, et si j’avais trouvé – un minuscule caillou. Mais un caillou bien à moi que je puisse saisir. Un caillou de la dimension d’une montagne. Je ne veux pas aller plus loin. Cela me suffit. J’aurai loisir de le saisir, de la contempler. J’aurai gagné ma journée. Je serai déjà sauvé. Dans la dignité. Que fait la dignité d’être humain ? je me pose la question. Je me pose la question à la lumière des fleurs dans le talus, à la lumière d’une narcisse qui brille de mille éclats au milieu d’un amas. Je me pose la question à la lumière de l’arbre qui se déploie. Cette dignité, dans quoi serait-elle contenue, demande-t-il ? Pour faire soi aussi partie de la ronde des vies.