Les corneilles – maîtres du ciel, vont, comme des fruits à coque, au-dessus des deux rangées d’arbres qui bordent l’allée, tandis que le ciel éclaire l’allée d’une lumière douce. Les lampadaires en son milieu sont toujours éteints. Des prunus découvrent leurs premières fleurs, des feuilles tendres éparses vêtent quelques broussailles, et des merles en différents lieux de l’allée émettent leurs cris, annonçant la précocité du printemps. Ici, et peut-être est-ce le fait de la lumière, la perspective se renverse de manière si radicale que la limite est plus immédiate que ce qui entoure ; et les grues de chantier, quel que soit leur nombre, et leurs directions, resteront étrangères à cela. Je dois convoquer ce qui fait naître ce mouvement intérieur, car les pensées suivent parfois des voies non familières. Et ce renversement si radical de perception, je crois bien que c’est l’extrême limite du monde, annonçant l’éclosion des couleurs et de la vie. Les lampadaires s’allument dans le soir. Les cris d’un enfant se mêlent aux mouvements de cloches zélés, et je crois bien avoir entraperçu deux vieux s’appuyant sur une canne, à présent que les corneilles regagnent les branches.